Le Mans : 300 personnes se sont rassemblées pour soutenir un enseignant accusé d’avoir soutenu un blocus

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Des professeurs dénoncent une ambiance délétère au sein du lycée Gabriel Touchard – George Washington, au Mans (Sarthe). Un de leurs collègues a été sorti en plein milieu de son cours la semaine dernière, accusé par la direction d’avoir soutenu les lycéens qui avaient bloqué le lycée le 10 mai.

Près de 300 personnes se sont rassemblées devant le lycée Touchard-Washington ce jeudi 20 mai pour soutenir un enseignant accusé d'avoir soutenu le blocus du 10 mai
Près de 300 personnes se sont rassemblées devant le lycée Touchard-Washington ce jeudi 20 mai pour soutenir un enseignant accusé d’avoir soutenu le blocus du 10 mai © Radio France – Laurine Benjebria

« Stop à la maltraitance« , « Profs en colère« , voilà ce qu’on scandé enseignants, parents et élèves du lycée Gabriel Touchard – George Washington, rassemblées ce jeudi matin, au Mans. Ils étaient près de 300 personnes, dont une centaine d’enseignants du lycée général et professionnel, réunies devant les grilles du lycée dès 10h pour soutenir un professeur de mathématiques en arrêt maladie depuis une semaine. La semaine dernière, il aurait été sorti de sa classe, en présence d’élèves, par la direction qui l’accuse d’avoir soutenu le blocus des lycéens le 10 mai. La direction demande au recteur qu’une sanction soit prise à son encontre, mais ses collègues ne l’entendent pas de cette manière et ont déposé un préavis de grève.

Près d'une centaine d'enseignants sont venus soutenir leur collègue
Près d’une centaine d’enseignants sont venus soutenir leur collègue © Radio France – Laurine Benjebria

Ce professeur, mis en cause par la direction, Tiphaine, élève en Première générale, le connaît très bien : c’est son prof de mathématiques depuis le début de l’année. « En cours, il fait son travail, il est sympa, agréable et jamais il ne nous a fait part de ses choix« , de ses convictions politiques, assure l’adolescente de 17 ans. Elle est déjà mobilisée contre l’exclusion de 23 de ses camarades accusés d’avoir bloqué le lycée. C’était donc une évidence pour elle de montrer aux professeurs qu’ils peuvent compter sur le soutien de leurs élèves. « Les professeurs sont là pour nous quand on en a besoin, alors nous on peut aussi être là pour eux quand ils en ont besoin, comme là« , explique Tiphaine.

Les professeurs dénoncent surtout la méthode utilisée par la direction. Selon Marie-Pierre Gelibert-Chovin, on « extrait un professeur de sa classe, lorsqu’il y a un cas grave ou un manquement grave du professeur« . Et pourtant, il y a deux ans, cette professeure de mathématiques en a fait les frais. Elle a été convoquée alors qu’elle était en plein milieu de son cours, sans qu’on ne lui indique la raison de cette convocation. Durant tout le trajet jusqu’au bureau de la direction, cette mère de famille s’est imaginée le pire : « J’ai cru que c’était l’annonce d’un événement très grave, j’étais en pleurs, complètement déboussolée, mais c’était pour travailler sur un problème de conseil d’administration« , se souvient-elle, encore émue.

« Quand j’observe la souffrance de certains collègues, je m’inquiète »

Cette situation ne peut plus durer, martèle Gwen. Cette professeure au lycée professionnel pointe du doigt « un climat de peur » qui se serait installé depuis l’arrivée du proviseur, il y a trois ans. « Beaucoup de collègues sont en souffrance« , se désole Gérard Lledo, professeur d’histoire-géographie depuis 30 ans au lycée Touchard-Washington. Il affirme que plusieurs de ses collègues, souffrant de handicap, n’ont pas pu obtenir de classes spécifiques. Gérard évoque aussi des collègues dont les « compétences sont remises en cause » par la direction, contre l’avis des élèves.

Les enseignants, solidaires, dénoncent un climat délétère au sein de l'établissement
Les enseignants, solidaires, dénoncent un climat délétère au sein de l’établissement © Radio France – Laurine Benjebria

« On parle énormément de bienveillance dans l’Éducation nationale, je pense que les enseignants mettent en place ce système de bienveillance vis-à-vis de leurs élèves, on demande donc un peu de bienveillance de la part de notre administration« , réclame Gérard. Les enseignants assurent avoir déjà alerté à plusieurs reprises le rectorat ainsi que la direction académique. Mais Gérard affirme « la directrice académique ne réagit pas, le recteur ne réagit pas, mais la question est maintenant de savoir que faut-il qu’il se passe pour qu’il y ait une réaction« .

 

 

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