Récemment, la tentative d’instrumentalisation des questions liées à l’immigration par Emmanuel Macron, qui a voulu un débat sans vote au parlement, a exalté une parole raciste et xénophobe, décomplexée et assumée par une partie de la classe politique et même de certains médias.
Par ailleurs, les polémiques autour du voile sont venues raviver un sentiment de rejet auprès d’une partie des citoyen·ne·s français·e·s de confession musulmane.
L’ampleur du mal dépasse le seul vote d’extrême droite, pourtant déjà très inquiétant. Ces idées d’exclusion et de repli traversent, plus ou moins, tous les groupes sociaux, tous les collectifs de travail, toutes les communautés. Elles font surface souvent de façon insidieuse.
La CGT a décidé de s’attaquer à ce qui gangrène les relations entre les salariés au travail et de traquer toutes ces petites choses qui y font le lit du « racisme ordinaire ».
Alors que le concept de laïcité chère à notre pays est sans cesse dévoyé, il est utile d’en rappeler les principes fondamentaux.
La laïcité n’a pas pour objectif de restreindre les libertés, mais au contraire de les garantir.
La CGT est très attachée aux libertés, individuelles, de conscience, d’expression ou syndicales. Nous ne devons pas renoncer à faire vivre les principes laïques, ni les appliquer à géométrie variable, selon les situations.
La laïcité est une qualité conférée à la République française par la Constitution : « La France est une République […] laïque […]. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction […] de religion. Elle respecte toutes les croyances. » En ce sens, c’est une notion juridique à deux versants indissociables : d’un côté la neutralité de l’État, de l’autre la liberté religieuse dans la cité et notamment dans l’entreprise.
La laïcité est liée aux valeurs de la République :
- la laïcité permet la liberté de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire et la liberté d’expression de ses choix (religieux, philosophiques, politiques…) ;
- la laïcité assure l’égalité de tous les citoyens devant la loi, notamment dans l’accès et l’usage des services publics quel que soit le choix des personnes ;
- la laïcité favorise la vie en commun, la fraternité dans la société entre des personnes aux choix différents.
L’entreprise doit-elle, comme l’État, se concevoir comme laïque, avec les devoirs de neutralité qui s’imposent ?
Cette question a été tranchée par l’autorité judiciaire : l’État est laïc, pas les personnes ni les sociétés privées, et le droit du travail ne préconise pas de neutralité religieuse. Pourtant, bon nombre de directions veulent encadrer le fait religieux dans l’entreprise par des chartes ou des règlements intérieurs. Sur quelle bases le syndicat peut-il se positionner et agir tout en travaillant à l’unité des salariés autour de leurs revendications ?
Ce livret n’a pas vocation à répondre à toutes les situations rencontrées. Il pose cependant les principes et les enjeux de la laïcité et donne des outils juridiques utiles aux militants.