PRESSE: LE POINT.FR
Anne-Noémie Dorion – 24/04/2019 à 19:20
Au cours de son discours, le président de la République devrait annoncer plusieurs mesures concernant l’école pour restaurer l’égalité des chances.
L’éducation a beau avoir été peu évoquée au sein des contributions au grand débat, elle n’en reste pas moins, selon Jean-Michel Blanquer, une « solution », « au cœur du projet de société porté par le président de la République ». Au cours de son allocution jeudi soir, Emmanuel Macron devrait donc dévoiler plusieurs mesures ayant trait à l’école, « première des réponses aux problèmes soulevés par les Français » qui déplorent l’absence de méritocratie et d’égalité des chances. Dans son interview accordée au Point, le ministre de l’Éducation nationale nous livre plusieurs mesures inédites.
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Des classes de 24 élèves en grande section, CP et CE1
Depuis le début du quinquennat, la ligne directrice de l’exécutif n’a pas varié : mettre l’accent sur l’école primaire. Le leitmotiv : réduire les inégalités « dès la racine » pour donner à tous les élèves la maîtrise des savoirs fondamentaux, à savoir « lire, écrire, compter ». Après avoir commencé à dédoubler les classes de CP et de CE1 pour les territoires prioritaires (REP et REP+), Emmanuel Macron prévoit d’étendre l’amélioration du taux d’encadrement à l’ensemble du territoire français. Première étape : la mise en place de classes limitées à 24 élèves en grande section, CP et CE1 pour la totalité des départements, probablement dès la rentrée prochaine et d’ici à 2022. À moyen terme, l’exécutif envisage aussi de renforcer la présence des professeurs pour l’ensemble des classes de maternelle, puis de s’attaquer aux classes des écoles élémentaires. L’objectif : s’aligner a minima sur la moyenne des pays de l’OCDE.
Pour en savoir plus, lisez : « Grève dans l’Éducation nationale : la loi Blanquer décryptée »
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Des moyens supplémentaires alloués à l’éducation
Pour offrir de meilleures conditions de travail en premier cycle, le président de la République prévoit de créer 2 300 postes supplémentaires à l’école primaire dès septembre 2019. Et ce, malgré la baisse des effectifs, puisqu’on estime qu’il y aura 40 000 élèves de moins. D’autres créations de postes pourraient être annoncées pour les rentrées à venir. Pour inciter les professeurs des écoles à investir les territoires les plus difficiles, Emmanuel Macron a promis un geste spécifique à destination des 50 000 professeurs travaillant en REP+. Au cours de son allocution, le président pourrait concrétiser cette déclaration en s’engageant à verser dès la rentrée prochaine une prime de 2 000 euros à tous les enseignants du primaire et du secondaire de ces zones défavorisées.
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Aucune école fermée
Pendant son discours, Emmanuel Macron devrait apporter une nouvelle garantie : ne fermer aucune école jusqu’à la fin de son quinquennat. Ce moratoire est destiné notamment à conserver ce service public fondamental en zone rurale. Des solutions alternatives pourraient être proposées, comme le développement des classes multiniveaux.
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Une maternelle au rôle-clé
Afin de réduire les inégalités dès la racine, le gouvernement entend concentrer ses efforts sur la maternelle. Après avoir rendu obligatoire la scolarisation à 3 ans dans la loi Blanquer, l’exécutif souhaite améliorer les conditions d’apprentissage dès les premières années de classe, de concert avec les communes. Déjà amorcé, le perfectionnement de la formation des professeurs, notamment ceux chargés des trois premières années d’école, devrait être renforcé. Du côté des programmes, le ministre de l’Éducation souhaite mettre la priorité sur l’apprentissage du vivre-ensemble, en axant les enseignements autour de l’apprentissage de la vie en collectivité, en favorisant le respect d’autrui, l’entraide, l’esprit d’équipe. Le but : faire de la France l’un des pays les plus performants en matière de préscolarisation.
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L’ENA supprimée
Dernière mesure, et non des moindres, prévue au cours de la conférence de presse : la disparition de l’École nationale d’administration. Symbole par excellence de la rupture de l’égalité des chances pour l’opinion publique, l’institution devrait être remplacée par une autre école plus à même de former de hauts fonctionnaires mieux connectés avec le quotidien des Français. Le président souhaite réformer en profondeur la formation des élites administratives. Plusieurs pistes sont envisagées, comme celle de créer une école des services publics au sein de laquelle se croiseraient plusieurs corps de métier. Ou de s’inspirer de l’École de guerre, en réservant l’accès à l’école à des étudiants ayant déjà plusieurs années d’expérience sur le terrain.