Dans un rapport, elle plaide pour un recentrage sur le primaire, source des inégalités scolaires.
LE MONDE | 17.10.2018 à 10h19 • Mis à jour le 19.10.2018 à 01h05 | Par Violaine Morin
C’est un constat déjà ancien, et pourtant d’une criante actualité : les politiques d’éducation prioritaire ne parviennent pas à accomplir leur mission première, qui est de réduire les inégalités de départ dans la réussite scolaire des enfants. Dans un rapport publié mercredi 17 octobre, la Cour des comptes dresse un bilan négatif de cette politique de « différenciation » des moyens, née en 1981 avec les « zones d’éducation prioritaire » (ZEP). La conclusion est sans appel : l’écart de résultat au diplôme national du brevet entre un enfant scolarisé dans un collège relevant du réseau d’éducation prioritaire (REP) et un enfant d’un collège favorisé reste situé entre 20 et 30 % en français et en mathématiques alors que l’objectif est de « limiter à 10 % ces écarts de niveau ».
Certes, admet la Cour, les dispositifs prioritaires ont permis de les stabiliser, et la situation serait probablement plus préoccupante encore s’ils n’avaient pas existé. Mais ce n’en est pas moins un aveu d’échec : à l’entrée en 6e, les écarts sont déjà acquis. Un bilan adossé à une dégradation des conditions scolaires, qui sont en partie indépendantes de l’école elle-même. En effet, rappelle la Cour, ces dispositifs ne sont pas pensés pour remédier à une ségrégation socio-spatiale aussi forte qu’elle ne l’est aujourd’hui, à laquelle se greffe une ségrégation scolaire sans précédent – y compris du fait d’un « effet label », soit l’évitement des établissements REP et REP +, qui est fort dans les catégories favorisées.
Forte de ce constat, la Cour des comptes analyse les différents leviers de remédiation dont dispose l’éducation prioritaire. Le grand gagnant, sur la base de nombreuses études françaises et internationales, est la réduction du nombre d’élèves par classe. Cette politique est portée par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation, avec le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP +. L’institution de contrôle estime qu’il faut aller plus loin et préconise son élargissement sur trois niveaux (en ajoutant soit la grande section de maternelle, soit le CE2) pour les établissements de REP +. Les autres leviers comme les incitations destinées à stabiliser les équipes enseignantes dans ces établissements (primes, points pour les mutations) n’engrangent pas de phénomène durable. La prime REP + mise en place en septembre 2017 est trop récente pour être évaluée.