Retrouvez le compte-rendu du CSA académique du lundi 27 janvier 2025 en cliquant sur ce lien
- Notre déclaration liminaire lors du CSA du lundi 27 janvier 2025 :
François Bayrou a choisi Élisabeth Borne comme ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nous la connaissons surtout comme la Première ministre qui a imposé la réforme des retraites par 49.3. Qu’attendre de la 5ème ministre en un an ? Qui peut croire que Madame Borne reviendra sur la réforme du bac ? Qui peut croire que Madame Borne reviendra sur la réforme de l’enseignement professionnel avec notamment l’application du parcours différencié en terminale, véritable usine à gaz ayant un impact non négligeable sur la santé des professeur·es qui n’y trouvent aucun sens, pas plus d’ailleurs que les élèves de terminale concerné·es ? Qui peut croire Madame la Rectrice, que la ministre de l’Education reviendra sur le Choc des savoirs et le tri généralisé des élèves, sur les évaluations généralisées, la précarisation persistante des AESH et des AEd, la rémunération au mérite et la mise en concurrence des personnels via le Pacte…
Certes, suite au flou entretenu pendant quelques jours dans la foulée de la déclaration de politique générale, nous comprenons finalement qu’il y aurait moins de suppressions de postes d’enseignant∙es à la rentrée 2025 et que la création de 2000 ETP d’AESH serait confirmée. Mais est-il utile de rappeler que nous exigeons des créations massives de postes dans tous les métiers de ce ministère, préalables à toute possible amélioration du Service public d’éducation qui est en train, au contraire, de prendre le chemin mortifère de l’hôpital public ?
Quant à la création des 2000 ETP d’AESH, il faudra voir la réalité de sa mise en œuvre vu le manque d’attractivité du métier et le taux de démission chez ces personnels. Cette situation ne pourra que perdurer faute de création d’un statut de catégorie B. C’est entre autres ce que les AESH et les AED ont voulu faire entendre à travers la mobilisation du 16 janvier. Dans notre académie cependant,c’est 34 équivalents temps plein en moins dans le 1er degré et pour le 2nd degré c’est moins 59 équivalent temps plein qui sont présentés à ce CSA A moyens.La baisse démographique constatée depuis 4 ans doit être au contraire l’occasion d’améliorer considérablement les conditions d’enseignement en améliorant les taux d’encadrement et en assurant des remplacements partout.
Ajoutons que l’instabilité politique qu’a créée le Président depuis le mois de juin a pour conséquence un retard conséquent dans les académies et DSDEN dans le processus de préparation de la rentrée mais aussi dans le fonctionnement des services au quotidien dans services déconcentrés déjà en difficultés.
Par ailleurs, nous souhaitons ici mettre un focus sur les personnels Jeunesse et sport qui font partie du périmètre de ce CSA. Le 16 janvier le Sénat a débattu d’un amendement gouvernemental supprimant 123,5 millions d’euros sur les crédits « Sport, jeunesse et vie associative » dont 34 sur le sport. Les coupes budgétaires conjuguées des différentes politiques publiques vont contribuer au démantèlement et à la disparition du ministère. L’emploi (sa qualité comme son volume) est bien entendu exposé de plein fouet. Nous craignons pour les recrutements, qui étaient déjà dérisoires pour 2025.
Nous craignons pour les rémunérations. Nous craignons surtout l’aggravation prévisible du sens des métiers et missions des personnels techniques et pédagogiques. Dans notre académie, le CREPS a dû encaisser la suppression de sa subvention régionale (- 800 000 euros), aggravant la menace de la concurrence du secteur privé y compris lucratif sur le champ des formations. Entre autres partenaires associatifs clés des services, impactés durement par ces décisions, le Centre régional information jeunesse, qui contribue à la mise en œuvre de la politique ministérielle d’information des jeunes, se voit amputé de sa subvention régionale de 120 000 euros avec des menaces sur l’emploi. A travers ces choix c’est un pan de mission éducatrice tout au long de la vie qui risque de s’écrouler, et cela va coûter bien plus cher encore par le délitement social engendré. Dans la même logique, dans les Pays de Loire, les crédits éducatifs des lycées se voient imposer une baisse drastique aux conséquences directes sur la scolarité des élèves et les projets éducatifs. En effet, Madame Morançais estime concernant les 100 millions d’économies sur le budget de la Région : « […] 100 millions d’économies, c’est un effort important, mais c’est surtout un effort indispensable et salutaire. Toute autre décision de ma part aurait été irresponsable ! Et puis, soyons lucides : la France est shootée à la dépense publique ! En matière de finances publiques, il serait temps que la classe politique apprenne à raisonner comme une famille ou une entreprise […] »Bel exemple de doxa ultralibérale menée par la présidente de Région. Les actrices et acteurs de la culture, du monde associatif, de l’égalité femmes-hommes, apprécieront la responsabilité et la lucidité de Madame Morançais, elles et ils apprécieront également l’analogie pour le moins baroque entre monde de l’entreprise et collectivité publique au service de la population. En ligne de mire de cette décision brutale : l’ensemble des structures culturelles mais aussi les associations sportives, l’égalité femmes-hommes et les missions locales.
Evidemment, la CGT ne peut que dénoncer avec fermeté cette coupe massive envisagée qui aura un impact direct sur l’Éducation dans la Région. Quid des projets pédagogiques ? Quid des conséquences sur les associations, les compagnies de théâtre ? Sur l’ensemble des intervenant·esculturel·les qui agissent pour contribuer à une Ecole émancipatrice ?
Pour finir, puisque l’attractivité est l’enjeu majeur de notre ministère, rappelons-le : il est financier évidemment mais il est aussi sur les conditions de travail et le sens que les collègues peuvent donner à ce qu’elles et ils font. L’amélioration de l’attractivité de nos métiers passe par la revalorisation indiciaire pour tou·tes sans contrepartie, l’indexation de la valeur du point d’indice sur l’inflation et l’ouverture de négociations sur les grilles salariales, l’abandon de la réforme des retraites, abandon de toutes les réformes de tri social, des réformes des bacs et des lycées, de Parcoursup, les créations massives de postes dans tous les corps, l’abandon du Choc des savoirs, l’abandon du Pacte, la création d’un statut de catégorie B pour les AESH et les AED, le report du déploiement Opale, la titularisation de tous les précaires sans condition de concours ni de nationalité.
La CGT Éduc’action continue d’exiger un changement radical d’orientation budgétaire et politique pour les Services publics et notamment celui d’Éducation (et même France Stratégie est d’accord avec la CGT !). Nous continuerons à porter la contestation et travaillerons à la mobilisation-construction du rapport de force indispensable pour que les revendications des personnels aboutissent rapidement.