TZR : la grande fatigue…

Comme pour le reste de la population enseignante, la situation des TZR se dégrade à vitesse grand V depuis la mise en œuvre d’un management public de combat par les gouvernements macronistes successifs.

Cette dégradation a lieu à tous les niveaux. Au niveau des affectations, la situation est devenue infernale. Comme dans d’autres rectorats, les TZR sont affecté·es en fin de processus, parfois après les contractuel·les. Pour les fidéliser, le Rectorat peut positionner les non-titulaires dans les grands centres urbains, à l’année, avant de proposer le poste à un·e TZR. Les TZR ne peuvent refuser une affectation à l’année ou en suppléance. Aussi, les TZR se retrouvent de plus en plus souvent à boucher les trous dont personne ne veut, et les affectations sur deux établissements sont fréquentes et celles sur 3 établissements deviennent de moins en moins rares. Les établissements sont souvent de plus en plus éloignés les uns des autres, ce qui ajoute à la précarité du poste la fatigue du transport. Ils sont légion les TZR qui parcourent des dizaines de milliers de km par an au gré des affectations.

Alors que les indemnités sont revalorisées au lance-pierre (quelques pourcents de revalorisation pour l’ISSR en dix ans), les frais explosent. Outre l’essence dont le prix a bondi depuis quelques années de quelques dizaines de pourcent, la facture d’entretien des véhicules personnels à elle aussi fortement augmentée. C’est factuel et les revalorisations des indemnités de ces dernières années sont ridicules.

La situation à la DIPE 5 qui gèrent les non-titulaires et les contractuel·les est catastrophique, avec un sous-effectif chronique des administratif·ves qui fait que les frais de déplacements de l’année scolaire dernière ont commencé à être versés…en mai, ce qui représente bien souvent des milliers d’euros pour un grand nombre de TZR. Le résultat est proche de la maltraitance et le ressenti d’un manque total de reconnaissance pour des personnels aggrave l’épuisement professionnel et explique en grande partie les arrêts maladie de plus en plus fréquents de ces collègues. Les réformes successives (réforme des retraites, réformes du collège et du lycée) ainsi que les politiques de gel des postes au niveau des établissements allongent mécaniquement la période TZR dans les carrières, ceci expliquant les démissions de jeunes collègues qui en ont assez d’être balloté·es sur des temps de plus en plus longs. Il y a deux ans, sur 12 TZR en Physique Chimie dans le 49, 4 avaient plus de 8 années de remplacement au compteur, soit presque le quart d’une carrière complète…

Parlons un peu carrière : la lecture des documents PPCR pour l’évaluation laisse en général au TZR le goût d’une mauvaise blague. Ils sont en fait conçus à destination des titulaires sur poste fixe. Par exemple, l’item « L’agent inscrit dans une dimension collective » ressemble souvent à un défi pour le TZR s’il a travaillé pendant la période dans, au bas mot, 6 ou 7 établissements différents, avec autant d’équipes pédagogiques et autant de chef·fes d’établissement. C’est déjà un exploit si le ou la collègue laisse un quelconque souvenir de son passage. Une blague au goût de plus en plus amer si l’aventure TZR s’éternise et dont l’impact est désastreux sur la carrière. Il est temps d’aménager des évaluations adaptées pour lesremplaçant·es en fonction du nombre d’années de remplacement sur la période où ils·elles sont évalué·es et une compensation en terme de progression de carrière sur l’ensemble de celle-ci. Aucune bonification pour l’accès à la Hors-Classe pour quelqu’un qui aura pu passer en tant que TZR un quart de sa carrière et qui n’aura sans doute pas pu montrer sa valeur professionnelle comme il l’aurait voulu :  il y a nécessité à agir.

Venons-en au point le plus délicat : l’affectation. Force est de constater que les vœux sont rarement respectés, on se demande bien pourquoi on leur demande d’en faire alors que l’administration semble faire ce que bon lui semble. Par contre, la Rectrice a envoyé une sympathique lettre de cadrage qui a tout d’une lettre de menace en rappelant des obligations qui n’en sont pas vraiment d’ailleurs mais qui relèvent en réalité du fait du prince. Et bien sûr sans un mot de reconnaissance dans la bafouille pour les personnels remplaçants alors qu’ils contribuent fortement à tenir un bâteau qui prend l’eau de toute part.

A l’heure actuelle, le TZR lambda n’apprend son affectation que par un mail de ou des établissements sans plus d’explications en étant invité à assister à la réunion de pré-rentrée. Soit deux ou trois jours avant celle-ci.  Alors que l’avis d’affectation est rédigé depuis le mois de juillet. C’est un manque de respect total et une source de stress intense pour des collègues qui doivent préparer souvent des nouveaux cours sans avoir eu le temps de prendre les infos nécessaires sur le lieu d’affectation. Bienvenue à bord !

Il faut cependant que les statuts de la Fonction publique (les mêmes que ceux qu’il faut revendiquer pour les contractuel·les qui doivent être titularisé·es) soient respectés et la priorité pour les TZR pour les affectations sur le Bloc de Moyen Provisoire, ainsi que le retour à la transparence avec le retour de groupes de travail académiques paritaires.

Mais c’est bien l’administration qui est responsable de son management brutal et les contractuel·les ne doivent pas être considéré·es comme les boucs-émissaires d’une administration entièrement responsable. La création des CZR (des contractuel·les en mode sous-TZR dont on pérennise le contrat sur plusieurs années en échange de mobilités aux 4 coins de l’académie) montre bien que l’administration n’est pas plus tendre avec les non-titulaires. Même si elle en a cruellement besoin, elle essaye quand même de flexibiliser et de pressurer au maximum les collègues contractuel·les. Idée de génie du management mais sans doute vouée à un échec cuisant.

Une anecdote pour terminer qui en dit long : l’histoire d’un contractuel obtient le concours … et devient TZR, avec finalement une grosse dégradation de sa situation ! La question que se pose le collègue de savoir quel est l’intérêt de devenir fonctionnaire titulaire si son statut obtenu chèrement lui permet royalement d’être expédié à 100 km de chez lui sur 2 établissements…Effectivement, quel est l’intérêt si le statut obtenu ne lui permet pas une affectation préférentielle au moment de la phase d’ajustement ?

A part une mobilisation nécessaire (et quand bien même difficile pour des personnels aussi isolés que les TZR), rien ne fera changer l’état des choses actuelles. Et c’est bien l’action syndicale qui peut permettre le regroupement de ces collègues pour se mobiliser.

 

CGT Educ 49

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