Les maux qui traversent et agitent la société ne s’arrêtent pas aux portes de l’entreprise. Au contraire, le monde du travail les exacerbent. Ainsi, “l’emploi reste le secteur de la vie sociale où les discriminations en raison de l’origine apparaissent les plus aigües, que ce soit dans l’accès à l’emploi ou au cours de la carrière” souligne le dernier rapport du défenseur des droits1. Il insiste même sur la persistance du problème, y compris dans l’accès à l’emploi public.
Une situation alarmante, car c’est au travail que se construit la cohésion sociale
Les campagnes de testing, les nombreuses études et les rapports du défenseur des droits mettent en avant, au-delà de la persistance du phénomène, son caractère systémique. Malgré le développement d’un arsenal législatif et de l’accord national interprofessionnel relatif à la diversité en entreprise de 2006, les mécanismes d’inégalités liés à l’origine sont toujours bien vivaces.
Les discriminations liées à l’origine, sous toutes ses formes, sont incontestables
Les plans d’actions censés lutter contre le phénomène dans les entreprises sont empreints de bonnes intentions, mais la réalité est têtue : les discriminations continuent et les actes racistes subsistent. Si toutes les études mettent en relief une évolution positive des mentalités concernant les rapports entre salariés sur cette question, dans le même temps, les actes racistes ne cessent, eux, de croître2. Comme pour confirmer qu’une politique d’entreprise même volontariste contre la discrimination raciale, si elle envoie un signal fort à l’ensemble des salariés, ne suffit visiblement pas à faire bouger la réalité de façon significative.
Il apparaît alors que la lutte contre le racisme est un enjeu syndical : rassembler tous les salariés pour se donner les moyens de gagner de nouveaux droits et les faire appliquer, de la même façon, à tous.
Il est d’autant plus important que cette question irrigue naturellement et quotidiennement l’action syndicale. Car comme le précise le défenseur des droits, “les discriminations ont des effets délétères pour les individus et la société. Au-delà de leurs coûts économiques et sociaux, les discriminations entament le rapport de confiance des personnes discriminées aux institutions » et « fragilise durablement la cohésion sociale”.
Dans ce contexte, la construction de batailles collectives est un enjeu
En 2018, après plus de douze ans de procédure, la cour d’appel de Paris a accordé aux 848 cheminots maghrébins plaignants contre la SNCF, des dommages et intérêts pour préjudice moral, de carrière, de formation et de retraite pour un montant total estimé à près de 160 millions d’euros. Au-delà de cette lutte médiatisée, de nombreux syndicats s’engagent au quotidien contre ces discriminations à partir d’outils existants ( voir note “discrimination raciste dans le monde du travail”). C’est en ce sens que la CGT porte des revendications pour faire avancer ce combat ( voir fiche revendicative ).
Dans la continuité de son action quotidienne, la CGT appelle ses syndicats et tous les salariés à participer à la mobilisation nationale, le 12 juin, pour éradiquer les idées de peur et de divisions et pour ensemble, avec nos différences, donner des couleurs à notre avenir.
1 Discriminations et origines : l’urgence d’agir », Juin 2020, disponible sur www.défenseurdesdroits.fr
2 Rapport 2019 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie de la commission nationale consultative des droits de l’Homme. www.cncdh.fr