Située dans les Bouches-du-Rhône, la centrale de Gardanne comprend deux parties : l’unité 4 peut produire 150 MégaWatts grâce à la combustion de biomasse et l’unité 5 peut produire 600 MégaWatts grâce au charbon.
L’unité 5 est l’une des cinq dernières centrales à charbon en France (deux autres sont situées à Cordemais, une au Havre et une à Saint-Avold), aujourd’hui mise à l’arrêt dogmatiquement comme s’y était engagé Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017.
En juillet 2019, le site a été repris par Gazel Energie, filiale en France du groupe tchèque EPH, appartenant au milliardaire Daniel Kretinsky. Gazel Energie a rapidement annoncé des licenciements, dont les premiers seront bientôt effectifs.
En grève depuis le 7 décembre 2018, les salariés de Gardanne élaborent un projet de reprise du site
Ce projet s’articule autour de quatre propositions :
- l’unité charbon serait conservée, mais 90 % des émissions de CO2 seraient filtrées puis séquestrées ;
- ce projet pilote pourrait par la suite être exporté et participer à la réduction drastique des émissions carbone en France et dans le monde ;
- deux autres unités produiraient du méthane et de l’hydrogène à partir de déchets de bois appelés « bois classe B » ;
- une troisième unité produirait de l’électricité et développerait un réseau de chaleur pour les agglomérations de Gardanne, de Meyreuil, la communauté du pays d’Aix-en-Provence ainsi que les zones industrielles avoisinantes comme celle de Rousset, à partir de la combustion basse température de combustible solide de récupération (cartons, bois entre autres). Une dernière unité serait consacrée à valoriser les déchets collectés localement en énergie, chaleur, compost pour l’agriculture et machefer pour le béton.
Les travailleurs se sont constitués en association de préfiguration, en vue de créer une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif)
« Ce projet répond aux besoins des citoyens et des travailleurs : on propose de produire de l’énergie, de la chaleur et on crée des emplois tout en étant plus respectueux de l’environnement » commente Loïc Delpech, représentant syndical au CSE de Gazel Energie et président de l’ATCG (Association des travailleurs de la centrale de Gardanne).
Le 29 avril, la CGT lançait à la centrale de Gardanne sa nouvelle campagne Industrie.
Les secrétaires fédéraux de l’énergie (FNME), de la chimie (FNIC), des transports et des services publics ainsi que le secrétaire général de l’union départementale des Bouches-du-Rhône y ont martelé l’importance du maintien d’un tissu industriel sur le territoire.
Marie-Claire Cailletaud, co-responsable des questions industrielles au sein de la Confédération, a rappelé que « la question de l’industrie est centrale. On ne redressera pas l’économie, on ne redressera pas le pays si on ne redresse pas l’industrie », soulignant que le projet des salariés de Gardanne est « en plein dans la stratégie de réindustrialisation de la CGT » et que « les salariés sont les mieux placés pour dire ce qu’ils peuvent produire et comment ils peuvent le produire ».