Lundi 5 et mardi 6 avril, collégiens et lycéens ont passé de nombreuses heures devant leurs écrans, essayant de se connecter à leur ENT (Espace Numérique de Travail) ou à l’un des logiciels leur permettant d’accéder aux cours à distance.
Se rendant compte que les serveurs de l’Education Nationale n’étaient toujours pas dimensionnés pour répondre au besoin d’un grand nombre de connexions simultanées, les enseignants qui avaient préparé des cours à distance en urgence oscillaient entre l’énervement et la culpabilité d’avoir donné rendez-vous à leurs élèves.
Une partie d’entre eux avait anticipé ces problèmes techniques en distribuant des photocopies de textes à travailler, des leçons ou des exercices à leurs élèves.
L’école est un service public qui manque de moyens
Si l’investissement des personnels pallie cette absence de moyens, il ne constitue pas cependant une ressource inépuisable. Pour Marie Buisson, secrétaire générale de la FERC CGT, « ceux qui ont décrété le confinement un mercredi pour le mardi suivant ne réalisent pas ce que cette annonce signifie en termes de gestion collective des élèves, de dynamique de projets, de progression de cours à refaire… Les collègues sont usés. »
Les étudiants quant à eux sont censés être présents pour une journée de cours hebdomadaire dans leur établissement. Mais, si cette mesure a été mise en place dans de petites structures, son organisation est bien plus délicate dans les grosses universités. Certains enseignants et étudiants en sont à une année complète sans cours physique. Une partie des enseignants ne connaît pas ses étudiants.
L’étendue du décrochage est encore difficile à mesurer
Dès le mois de juin, l’intersyndicale a fait des propositions pour éviter la fermeture des écoles. Recruter les lauréats des concours de professeur des écoles (CPRE) inscrits sur liste d’attente et réquisitionner des locaux aurait permis de dédoubler les classes et d’éviter la propagation du virus.
Mais aucune des propositions faites n’a retenu l’attention du Ministère de l’Education, qui s’est retrouvé cet hiver à recruter des contractuels parachutés dans des classes de primaire sans formation.
Depuis des semaines, les organisations syndicales alertaient le Ministère en réclamant des mesures sanitaires renforcées dans les établissements pour faire face à la contamination. Un seul exemple : en maternelle et en primaire, le manque de remplaçants n’a pas été pris en compte, si bien qu’en cas d’absence d’un enseignant, ses élèves étaient répartis dans les classes de ses collègues, créant ainsi un brassage qui aurait pu être évité.
« Les problèmes de l’école n’ont pas commencé avec le COVID, déplore Marie Buisson. La France a l’une des écoles les plus inégalitaires. Le système a été organisé d’une manière qui fait qu’il est très facilement en crise. »