À l’issue des séances de « concertation », les différents ateliers du Grenelle ont émis des propositions qui sont désormais sur la table du ministre Blanquer. La CGT Éduc’action a participé aux premières réunions des différents ateliers puis a choisi d’arrêter sa participation en notant que l’organisation des discussions et le choix des animateur·trices et des interlocuteur·trices ne permettaient ni une écoute des participant·es, ni de porter réellement les revendications des personnels. Sans surprise, les propositions correspondent assez précisément aux discours et écrits du ministre et à l’idéologie portée par lui… Tout était écrit d’avance !
On y retrouve pêle-mêle la revalorisation au mérite, le recrutement des personnels enseignants localement par les personnels de direction et le renforcement de l’autonomie des établissements, l’instauration d’une autorité hiérarchique de la direction d’école ou une explosion des statuts et obligations réglementaires de service. Si ces dernières propositions sont conservées par le ministre, on assistera à la liquidation du statut de fonctionnaires, la fin des grilles d’avancement des carrières et la gestion collective des personnels. On basculera irrémédiablement vers des carrières individualisées et « valorisées au mérite ». On restera dans la précarité pour de nombreux personnels, les AESH, AED par exemple.
Ce « Grenelle » vise en fait à modifier en profondeur le métier des enseignant·es en contrepartie d’une hypothétique revalorisation salariale pluriannuelle. Si les participant·es au groupe qui traite de la rémunération sont favorables à une revalorisation salariale durable de tous les personnels enseignants sans condition préalable, le montant n’est absolument pas noté. La question de la perte cumulée du pouvoir d’achat n’est pas abordée. La revalorisation salariale est censée s’appliquer à l’ensemble des enseignant·es mais elle sera liée à un devoir d’astreinte au remplacement, dépendra de formations suivies hors temps scolaire. Les primes pourront varier en fonction des lieux et la rémunération pourra varier selon « le mérite ». à ce jour, 70 % des personnels de l’Éducation nationale n’auront aucune revalorisation, pire les inégalités femmes hommes seront confortées voire accentuées.
Les synthèses des ateliers reformulent aussi des propositions portées de longue date par le ministre comme celle d’un statut de directeur·trices d’école qui leur confère une autorité directe sur les enseignant·es, ou celui du renforcement du rôle des chef·fes d’établissements qui vise à donner une grande autonomie aux collèges et lycées.
Ces derniers mois ont montré l’importance de l’école et les manques criants de personnels et d’équipements mais aussi l’importance des équipes éducatives constituées par les collectifs de travailleurs et de travailleuses qui œuvrent au quotidien à répondre aux besoins des élèves en lien avec leurs familles. Mais le ministre refuse d’entendre la revendication d’un plan d’urgence pour l’éducation, il traite les personnels et leurs représentant·es avec mépris, allant même jusqu’à annoncer à la veille d’une journée de mobilisation nationale que 200 millions du budget de 2020 n’ont pas été utilisés ! Il poursuit son entreprise idéologique d’un système éducatif dédié au mérite, à la mise en concurrence, au tri social à l’opposé de notre projet CGT d’une école accessible à toutes et tous, garantissant l’accès à la connaissance et à l’émancipation.