Actuellement, deux millions de personnes rencontrent des difficultés pour payer leur loyer et 14 % de la population a connu des difficultés de logement depuis le premier confinement.
La crise économique liée au coronavirus a entraîné une explosion de la précarité et une augmentation du recours aux aides alimentaires.
Pour répondre à l’urgence, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée en charge du logement, a annoncé le report de la trêve hivernale en juin. « C’est une bombe à retardement, aucune mesure n’a été prise pour prévenir ces expulsions. Le gouvernement n’a prévu aucune revalorisation du Smic, il ne fait rien contre la multiplication des plans de licenciements, rien non plus pour encadrer les loyers », observe Véronique Martin, référante du collectif logement de la CGT.
En 2020, le prix des logements a augmenté plus vite que l’inflation. Les profits issus du logement cher ont à peine diminué, malgré la crise sanitaire et sociale.
Depuis 2000, la courbe des expulsions n’a cessé de grimper : plus de 169 % en dix-huit ans.
Les expulsions pourraient doubler en 2021 par rapport à 2018 (déjà année record), si le gouvernement reste inactif. Les classes populaires, les femmes, les minorités, les réfugiés, les sans-papiers… sont les plus exposés et doivent, pour sortir de la rue, accepter des sous-logements précaires.
Insuffisantes, les lois censées protéger les locataires (encadrement des loyers, gel du loyer à la relocation, normes de décence, surface réelle, limitation d’Airbnb) sont bafouées par une partie des bailleurs privés et des agences, qui veulent accélérer les expulsions, supprimer la trêve hivernale et criminaliser des sans-logis qui occupent des locaux vides.
Aux côtés de Solidaires, de la FSU et d’associations comme le DAL (droit au logement), notre organisation appelle à une journée de mobilisation pour le droit au logement, contre les expulsions et le logement cher. « On exige la mise en place d’un moratoire sur les expulsions locatives et l’application de la loi de réquisition des logements vides », expose Véronique Martin.
Pour rappel, 3 millions de logements sont vacants en France.
Les organisations revendiquent notamment :
- un logement abordable, stable, décent, durable et écologique pour tous, sans discriminations ;
- l’arrêt des coupures d’énergie ;
- la fin de la répression contre les sans-abris et des occupants ;
- le respect du droit au logement opposable, du droit à un hébergement décent jusqu’au relogement ;
- la baisse immédiate des loyers et la réalisation annuelle de 200 000 HLM, de logements étudiants (30 % de HLM dans chaque commune en zone tendue, augmentation des aides à la pierre, arrêt des ventes et des démolitions de HLM) et la revalorisation des APL.
La crise du logement n’est pas inéluctable. Le combat prend une envergure européenne, où les mobilisations se sont multipliées. À Berlin, plusieurs dizaines de milliers de locataires ont manifesté et ont obtenu que les loyers privés ne dépassent pas 6 à 12 € le m2 et que des amendes jusqu’à 500 000 € soient délivrées sans délai par la commune contre les bailleurs fraudeurs.
Lors d’un webinaire diffusé jeudi 4 mars à 18 h 30, des représentants des mouvements d’habitants, de sans-logis, de locataires témoigneront de leur mobilisation à Berlin, Bilbao, Bruxelles, Bucarest et Dublin et de leurs avancées.