Le 75ème anniversaire de la création d’EDF-GDF, dans l’esprit des avancées progressistes du Conseil National de la Résistance, vient d’avoir lieu. EDF a fait ses preuves comme outil industriel et social grâce à sa conception intégrée de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation. Le parc électronucléaire qu’EDF a mis sur pied en moins de 50 ans a fait de la France un des moins émetteurs de CO2 (gaz à effet de serre) parmi les pays développés et fournit à ses usager·es une électricité décarbonée au plus bas prix en Europe.
Depuis 20 ans, la privatisation d’EDF et le manque d’ambition de l’État actionnaire pour le nucléaire, ont affaibli le service public EDF et sa capacité industrielle (EPR de Flamanville), impactant le système éducatif et démotivant les jeunes.
Le projet « Hercule » : EDF cassé en 3
EDF bleu, détenu à 100 % par l’État, serait en charge des activités nucléaires aux investissements lourds sans rentabilité immédiate, ce que fuient les financier·es. Le parc nucléaire (56 réacteurs), fournit 70 % de notre production d’électricité qui est décarbonée. Par manque d’information et suite aux graves accidents qui ont eu lieu en Russie et au Japon, une partie de l’opinion publique est réfractaire à cette technologie. Après la fermeture de Fessenheim, sans réaction notable du public, le pouvoir envisage de fermer 12 autres réacteurs d’ici 2035.
EDF vert, établissement privé regrouperait la distribution (Enedis), le commerce, les services, et l’électricité verte qui bénéficie, du fait des règles européennes, d’un accès prioritaire au réseau et d’une rémunération très intéressante et garantie de sa production. EDF vert fait saliver la finance (Total et Engie sont aussi très intéressés par l’électricité verte). Quand vous créez une centrale solaire ou de l’éolien on vous garantit des tarifs pendant plusieurs années, c’est l’État qui paie dixit Macron au JT de la 2. En 2020, les promoteurs éoliens ont bénéficié de deux milliards trois cents millions d’euros de subventions (équivalent des dépenses de la Sécurité Sociale pour l’achat de 100 millions de doses de vaccin anti-Covid).
EDF azur, établissement à statut peu clair, en charge de barrages hydroélectriques : les 400 actuels fournissent plus de 10 % de la fourniture électrique, 60 % des énergies renouvelables. Financièrement amortis, ils fournissent un prix de production des plus bas, ils sont très convoités par le privé.
Avec le projet Hercule finie la solidarité d’une péréquation tarifaire qui assure la fourniture 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 en tous points du territoire quels que soient les aléas climatiques et au même prix.
Des besoins croissants. Qu’il s’agisse des besoins de la nécessaire réindustrialisation ou de ceux des usager·es, la demande d’électricité est forte, le risque de coupures existe. Début janvier, pour les éviter, la France a importé de l’électricité de Belgique et d’Allemagne, il a fallu avoir recours aux réserves des barrages et stopper la consommation d’entreprises fortement consommatrices par des mesures dites d’effacement volontaire compensées pour celles-ci par des aides financières prélevées sur les factures des usager·es. Et l’hiver n’est pas très rigoureux. Un degré de froid supplémentaire, c’est 2,4 GW supplémentaires appelés sur le réseau électrique.
L’urgence climatique. La France émet peu de CO2 : une centrale nucléaire émet environ 12 g de CO2 par KWh, une centrale à gaz 490, une centrale à charbon, 1000. Les électricités vertes en émettent peu aussi, mais sont intermittentes, sans vent et sans soleil, pas d’électricité ! Pour compenser, il faut des sources pilotables, fournies par EDF bleu, qui devient « la vache à lait » de la finance déguisée en vert !
Hercule, c’est céder à l’Europe libérale, le coup de grâce du service public de l’électricité. Il est primordial pour nous retraité·es de le défendre et que stoppe l’éclatement d’EDF.