« Vous voulez plus de places en crèche… on va construire des usines à bébé »
Si l’objectif du gouvernement est « de créer, sans délai, des places de crèches supplémentaires », le projet d’ordonnance concernant l’accueil des jeunes enfants va beaucoup plus loin.
Prévue dans le cadre de la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP) votée le 7 décembre dernier, cette réforme projette de modifier en profondeur la politique de la petite enfance en France et d’en transformer les modes d’accueil.
Rationaliser les modes d’accueil des tout petits au détriment de la qualité
La première mouture du projet d’ordonnance prévoit notamment la possibilité d’administrer des médicaments par des professionnels non qualifiés, de modifier le taux d’encadrement ou encore d’augmenter les capacités d’occupation des crèches.
Ces propositions polarisent, à juste titre, la colère des personnels, majoritairement féminins, qui souffrent d’un manque de reconnaissance professionnelle et d’une dégradation de leurs conditions de travail. Cette déréglementation des modes d’accueil des tous petits au détriment de la qualité et des recommandations de nombreux professionnels, est surtout un encouragement au mouvement de privatisation du secteur de la petite enfance.
La casse de la politique familiale de la petite enfance
Outre le renoncement sur la sécurité et la qualité des modes d’accueil des enfants en bas âge, le projet déstructure toute l’organisation de la politique familiale de la petite enfance. Ainsi, les représentants des travailleurs seraient exclus des instances de régulation des services aux familles.
De plus, sous couvert de « faciliter l’implantation, le maintien et le développement de services aux familles, notamment en matière d’accueil du jeune enfant et de soutien à la parentalité », le gouvernement envisage d’ouvrir un guichet administratif unique en transférant de nouvelles compétences aux caisses d’allocations familiales.
Ce transfert se ferait sans moyen humain supplémentaire ni formation pour les salariés chargés de ces missions.
Une nouvelle attaque contre la branche famille de la Sécurité sociale
Depuis plusieurs décennies, les gouvernements abandonnent les politiques familiales qui répondaient aux besoins sociaux des enfants et des familles.
En favorisant le secteur privé lucratif et en déstructurant l’organisation du secteur, cette nouvelle réforme s’inscrit dans ce processus de démantèlement des principes émancipateurs de la politique familiale mise en place après la Seconde Guerre mondiale au travers de la branche famille de la Sécurité sociale.
À ce processus de recherche permanente d’économies pour limiter la progression des dépenses, se greffe le mouvement de transfert aux ménages de la charge de la politique familiale en épargnant les entreprises tout en leur ouvrant de nouveaux espaces de profits.
Politiques familiales : investir pour l’avenir
C’est pour stopper les manœuvres votées ou en projets que la CGT a lancé une campagne pour la reconquête de la Sécurité sociale.
À l’opposé des ambitions gouvernementales, les politiques familiales, adossées à la Sécurité sociale, doivent favoriser la conciliation entre vie professionnelle et parentale, mais aussi accompagner le développement de l’enfant et prévenir les risques. Privilégier des politiques familiales de haut niveau est un investissement pour l’avenir.