Depuis plusieurs semaines, les salariés de l’équipementier automobile Jinjiang SAM sont mobilisés pour sauver leur emploi.
L’entreprise Jinjiang SAM, Société aveyronnaise de métallurgie, spécialisée dans la fabrication de carters moteurs en alliages de pointe, a été placée en redressement judiciaire, pour la deuxième fois en cinq ans, conséquences d’une mauvaise gestion et d’un manque d’investissement.
En 2017, l’entreprise est reprise par Jinjiang, qui prévoyait d’investir 18,5 millions d’euros sur le site aveyronnais.
« Nous avions été affectés par Renault, notre seul client, pour fabriquer des carters pour les moteurs hybride et électrique. Ce qui nécessitait de gros investissements, que le groupe chinois s’était engagé à faire. Ils n’ont pas fait les investissements nécessaires, donc ce chiffre d’affaires, Renault l’a double sourcé », explique explique Ghislaine Gistau, déléguée syndicale CGT de la SAM.
Dépendant de la SAM pour sortir ses véhicules, Renault « double source » de plus en plus de pièces, c’est-à-dire que les mêmes pièces sont désormais fabriquées par plusieurs fournisseurs concurrents en France ou à l’étranger.
Quand l’usine est reprise par Jinjiang en 2017, elle compte 430 salariés, aujourd’hui, ils et elles ne sont plus que 358.
Le syndicat craint que ce chiffre soit encore divisé par deux.
De fait, la PFA (Plateforme automobile) a rendu un rapport sur l’état des lieux de la fonderie française, dans lequel il est préconisé de conserver en France 20 à 25 % du chiffre d’affaires et de délocaliser le reste dans des pays à bas coûts.
Selon ce rapport, 40 % des emplois de la fonderie automobile devraient disparaître d’ici à dix ans, soit plus de 5 000 emplois sur les 13 500 de la filière.
Pour le syndicat, ce rapport devient la feuille de route des constructeurs ou sans doute d’un possible repreneur. « Ils font des statistiques, ils estiment que pour être rentable, ce sont 200 000 euros de chiffre d’affaires par salarié. Donc si on regarde notre chiffre d’affaires par rapport au nombre de salariés, on a 30 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, si on le divise par le nombre de salariés ça fait 150 salariés repris sur les 358 actuels », détaille Ghislaine Gistau.
Sans nouveau projet, ni amélioration de chiffre d’affaires, l’avenir de l’entreprise est en péril. « Cette entreprise, chaque fois qu’elle a eu le chiffre d’affaires et les moyens de travailler, elle a toujours été rentable. On considère qu’on ne peut pas prôner la souveraineté industrielle quand il s’agit de puce électronique qui amène les constructeurs à être à l’arrêt. ça ne peut pas marcher seulement quand ce sont les constructeurs qui sont en difficulté. »
L’équipementier est le plus gros employeur du bassin viviézois, un bassin qui a déjà énormément souffert avec la fermeture des mines, la disparition de la sidérurgie.
Si ce bastion industriel venait à disparaître, ça aurait des conséquences pour tout le territoire. Pour défendre leur outil de travail, les salariés appellent à un rassemblement le 21 février. Philippe Martinez a décidé de venir apporter son soutien, la situation de la SAM s’inscrit pleinement dans la campagne confédérale de reconquête de l’industrie.