La crise sanitaire et sociale liée à la pandémie de coronavirus touche inégalement la population française.
Selon un rapport publié par Oxfam, un million de personnes pourraient basculer dans la pauvreté tandis que les milliardaires ont vu leur fortune augmentée de 45% atteignant 175 milliards d’euros entre mars et décembre 2020, soit l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public.
Plusieurs signaux ont alerté les associations et les syndicats concernant les conséquences de la crise sur les plus fragiles :
- l’explosion du recours à l’aide alimentaire (qui concerne 8 millions de personnes contre 5,5 millions en temps normal),
- l’augmentation de 8,5% par rapport à 2019 du nombre d’allocataires du RSA (150 000 nouveaux bénéficiaires),
- l’augmentation du chômage, qui touche désormais 20,9% des 15-24 ans.
Les travailleur.ses précaires, les femmes isolées et les jeunes sont partiellement touchés par la pauvreté.
La paupérisation de la jeunesse, exacerbée par la pandémie, est un processus qui remonte aux années 2000.
Selon le dernier rapport (novembre 2020) de l’Observatoire des inégalités, entre 2002 et 2018, le taux de pauvreté des 18 à 29 ans a progressé de plus de 50 %. Les 18-24 ans, davantage concernés par des contrats précaires, ont été fortement touchés par les pertes d’emploi sans toutefois bénéficier du dispositif du chômage partiel. Beaucoup sont passé.es entre les mailles du filet des aides exceptionnelles, se retrouvant sans ressource.
Ainsi, pendant le premier confinement, 23% n’ont pas mangé à leur faim, 19% ont dû se restreindre sur les achats de première nécessité, d’après une enquête réalisée par l’Observatoire de la vie étudiante. Alors que les organisations étudiantes et les associations ne cessent de sonner l’alarme, le gouvernement refuse toujours l’extension du RSA aux moins de 25 ans.
La crise a exacerbé des inégalités déjà existantes, conséquences du démantèlement de notre système de protection sociale, fragilisé par des années de politiques fiscales au bénéfice des plus riches.
L’Insee a démontré dans sa dernière étude (septembre 2020) que « l’effet positif de la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et la création d’un impôt forfaitaire sur le capital (la flat tax) est très concentré dans le haut de la distribution ».
De fait, ces deux mesures fiscales ont eu pour effet de faire fortement augmenter les revenus des 0,1 % des Français les plus aisés, tandis que la distribution de dividendes, de plus en plus concentrée, a explosé.
Ainsi, les 10 % les plus riches obtiennent 79 % du gain total de niveau de vie induit par ces deux mesures fiscales tandis que le niveau de vie des 10% des Français.e.s les plus pauvres a baissé depuis le début du quinquennat, avec notamment la baisse des aides au logement.
Malgré la situation sociale désastreuse, la lutte contre la pauvreté n’est pas la priorité du gouvernement (moins de 1% du plan de relance est consacré à la lutte contre la pauvreté).
Alors qu’une partie de la population s’enfonce dans la pauvreté, que les étudiants manifestent leur détresse, le gouvernement continue à démanteler notre système de protection sociale et à verser des milliards aux entreprises sans fixer aucune contrepartie contraignante, comme par exemple des revalorisations salariales pour les travailleur-se-s en première ligne, l’interdiction de verser des dividendes en temps de crise ou encore des mesures écologiques.