Précarité, isolement et détresse psychologique
La crise sanitaire et sociale liée à la pandémie de coronavirus a aggravé les conditions de vie des étudiants. La précarité étudiante n’est pas une nouveauté. Selon l’étude de l’Insee « Revenu : niveau de vie et pauvreté » réalisée en 2016, 20,8 % des « élèves et étudiants » se situaient sous le seuil de pauvreté, contre 12,8 % de l’ensemble de la population.
L’année dernière, à la suite de l’immolation de l’étudiant Anas K., plusieurs revendications avaient été soumises (hausse du nombre et du montant des bourses, mise en place effective de la trêve hivernale dans les logements universitaires ainsi qu’un accès à un logement décent et abordable en cité universitaire).
Si elles avaient été mises en place, elles auraient pu, en grande partie, éviter la situation actuelle.
La détresse des étudiants confrontés à la précarité
Le 15 janvier, une étudiante en première année de Pass (parcours d’accès spécifique santé) à Paris s’est suicidée. Ce cas, loin d’être isolé, révèle l’ampleur de la détresse des étudiants confrontés à la précarité, à la sélection et à la souffrance psychologique.
L’Observatoire de la vie étudiante a établi que pendant les deux mois du premier confinement :
- 1 étudiant sur 4 n’a pas pu manger à sa faim ;
- 1 sur 3 a présenté des signes de détresse psychologique ;
- 1 sur 2 a souffert d’isolement ;
- 60 % des étudiants déclarant devoir travailler à côté de leurs études ont vu leur activité rémunérée diminuer, voire s’arrêter, tandis que les aides exceptionnelles et mesures de chômage partiel n’ont pallié que partiellement ces difficultés.
La situation est encore plus dramatique pour les étudiants étrangers, très isolés et qui ne bénéficient pas du système de bourses.
Les mesures prises par le gouvernement sont loin de suffire
Avec un taux de chômage de 21,6 % pour les moins de 25 ans, qui devrait dépasser les 30 % au mois de décembre, les jeunes subissent de plein fouet les effets de la crise.
Face à cette situation, le plan « 1 jeune, 1 solution », intégré au plan de relance, doté de 6,5 milliards sur deux ans, n’est absolument pas à la hauteur des enjeux pour la jeunesse.
Derrière l’objectif de diminution du taux de chômage ciblé sur les moins de 26 ans, ce plan est avant tout une vaste opération de communication qui sera déployée pour vanter les mérites des aides conséquentes données aux entreprises :
- pour le recrutement d’apprentis ;
- pour le recrutement en entreprise de jeunes de moins de 26 ans ;
- pour le développement du service civique ;
- pour le retour des contrats aidés…
Pour sortir de l’impasse, notre organisation défend l’idée d’une automaticité des prestations, avec l’attribution d’un revenu d’insertion équivalent à 80 % du Smic dès la recherche du premier emploi, une revendication à mille lieu de la volonté du gouvernement d’instaurer un revenu universel qui s’apparente à une protection sociale au rabais.
Cela permettrait aux jeunes qui ne sont pas sur le marché du travail de sortir de la précarité, d’éviter les « petits boulots » et permettre à chacune et à chacun de se consacrer à ses études ou à la recherche d’un emploi stable.
En mars 2020, une résolution invitant le gouvernement à la mise en place d’un revenu étudiant a été déposée à l’Assemblée nationale… et rejetée.