Une récente étude de l’Insee montre, s’il le fallait encore, que favoriser les actionnaires n’a pas d’effet bénéfique sur l’investissement.
Interrogés en octobre 2020 [1] par l’Insee, les chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière estiment qu’ils auront réduit leurs investissements de 14 % en valeur en 2020 par rapport à 2019. Ils abaissent ainsi de 3 points leur prévision précédente.
L’investissement diminuerait encore plus fortement que le PIB cette année.
Pour 2021, les entreprises prévoient un rebond relativement faible de leur investissement, en hausse de 4 % en valeur.
Au total, on se situerait 10 points en dessous du niveau de 2019 !
Ces prévisions sont encore fragiles. Mais, si elles se confirment, elles mettent en évidence un sérieux risque de stagnation économique durable que la politique économique actuellement en vigueur ne saurait conjurer.
Plus de dividendes ne donne pas plus d’investissement
Premier enseignement : une confirmation.
L’enrichissement des plus riches, la distribution massive des dividendes ne se traduit pas par une augmentation, ni même par un maintien, de l’effort d’investissement.
En l’absence de projets productifs et socialement utiles, l’épargne excédentaire se tourne vers la spéculation et les exportations de capitaux. Et quand les actionnaires ou leurs fondés de pouvoir dirigent l’économie, ils préfèrent généralement des profits immédiats à des investissements qui écornent leurs gains.
Pas de salut par le marché
Second enseignement : on ne peut s’en remettre aux « forces du marché » – c’est-à-dire à ceux qui dirigent l’économie et la finance – pour sortir de la stagnation. C’est aux pouvoirs publics de s’en donner l’ambition et les moyens. Les besoins ne manquent pas : santé, logement, réindustrialisation du pays, revitalisation des zones rurales et industrielles en souffrance… Les moyens financiers existent ou peuvent exister. Les besoins et les capacités de développement aussi.
Ce qui manque c’est la jonction entre les uns et les autres, via l’investissement et l’emploi qui en découlerait.
Il paraît qu’il existe de nouveau un commissaire au plan. Peut-être sa ligne téléphonique n’est-elle pas encore branchée…