Arroser du sable ! L’expression résume à elle seule la stratégie économique du gouvernement et son « plan de relance », qui a pour objectif de retrouver le niveau de croissance de 2019 d’ici la fin de l’année 2022.
Il s’élève à 100 milliard d’euros et se décline en 70 mesures « pour soutenir l’offre et la demande », selon le premier ministre. Force est de constater que ces mesures bénéficient avant tout aux entreprises.
Quid des précaires, des privé.es d’emploi, des salarié.es ?
Ce plan ne s’adressent pas à eux… De même, les services publics, qui ont pourtant montré leur rôle majeur en plein cœur de la crise, comptent parmi les grands absents des annonces du gouvernement.
Alors que recouvre réellement ce chiffre mirobolant ?
Sur ces 100 milliards d’euros, 40 sont censés venir du plan de relance européen, qui n’est pas encore voté. Tandis que 30 milliards correspondent à des mesures déjà annoncées auparavant.
Si le gouvernement met en avant sa volonté de souveraineté et de relocalisation, les moyens mis en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux. Un milliard d’euros est dédié spécifiquement aux relocalisations, dont 600 millions pour la sécurisation des approvisionnements.
Mais pas un mot sur la reconstruction de filières essentielles, en France comme en Europe, pour assoir notre indépendance sur des filières stratégiques comme le médicament.
Rien non plus d’annoncé pour les milliers de salariés des secteurs dont les grands groupes délocalisent ou réduisent l’emploi (Sanofi, Nokia, Air France, Renault, etc.) et dont les sous-traitants sont en première ligne. La baisse des impôts de production à hauteur de 20 milliards tient seule lieu de politique industrielle.
Les entreprises seront ainsi exonérées d’impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros par an et ce sans aucune condition. Une politique industrielle, telle que nous l’appelons de nos vœux, s’inscrirait dans une véritable planification environnementale, et consisterait en de massifs investissements et prises de participation des pouvoirs publics pour orienter la production à partir des besoins.
Concernant la transition écologique, le gouvernement propose une succession de mesures en trompe l’oeil. Dans l’enveloppe du plan, 30 milliards sont consacrés à la transition énergétique, en priorité dans les secteurs d’activité les plus polluants (transports, industrie, agriculture, etc.). Ce qui revient à « doubler les investissements que l’Etat consacre habituellement à l’écologie », vante Jean Castex. Après des années de renoncements sur les questions environnementales – le dernier en date étant sans doute la réintroduction de néonicotinoïdes dans la culture de la betterave -, le gouvernement voudrait faire croire à un grand basculement de notre production vers un modèle de transition écologique !
Malgré de légères avancées sur des sujets sur lesquels nous formulons des propositions depuis longtemps (hydrogène, rénovation thermique des bâtiments, transports), les mesures concrètes sont bien maigres et inadaptées : une énième «prime à la rénovation» fait figure de politique de rénovation pour les particuliers. La décarbonation de l’industrie repose quant à elle sur la bonne volonté des grands groupes à qui on va déverser des milliards.
Faut-il le rappeler ? Seule une planification et une politique industrielle d’ampleur sera à-même de répondre aux enjeux environnementaux et à la crise climatique.