COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Alors que ses réformes ont aggravé l’école du tri social, et que les politiques gouvernementales démantèlent toujours plus les politiques publiques en faveur de la jeunesse issue des catégories populaires partout, JM Blanquer ne cesse de vanter le dispositif « Vacances apprenantes ». Celui-ci est censé permettre « le renforcement des apprentissages, de la culture, du sport et du développement durable » et ainsi palier aux conséquences de la période de confinement en s’adressant aux plus démunis en priorité. Quel cynisme !
Il veut ainsi renforcer un dispositif, qui existe déjà en partie, et faire passer les chiffres de 70 000 à 400 000 jeunes accueillis en décidant de l’appliquer aux lycées professionnels, sous la formule «Été pro». Le public visé va des «décrocheurs» à ceux qui veulent renforcer leurs compétences professionnelles pour s’insérer ou poursuivre leurs études en passant par les 3 prépa métier. Il a pour objectif de travailler les enseignements professionnels « en ouvrant les ateliers » le matin, l’après-midi étant dévolue aux activités culturelles, sportives et environnementales. Les élèves pourront être accueillis « dans leur établissement d’origine ou dans un établissement proposant un accès aux plateaux techniques nécessaires à leur formation initiale ».
Pour la CGT Éduc’action, ce qui pourrait apparaître comme une énième opération de communication cache en réalité plusieurs effets d’aubaine. D’une part, à la faveur de la crise sanitaire, il s’agit de réaliser, à terme, ce vieux rêve du patronat, d’ouvrir les LP durant les vacances scolaires pour permettre l’utilisation des plateaux techniques tout au long de l’année et servir les besoins en formation des entreprises locales. De plus, l’insistance sur les enseignements professionnels renforce la vision utilitariste de la voie pro et ignore la vocation émancipatrice de tout parcours éducatif en lien avec un enseignement général de qualité.
D’autre part, à l’instar du dispositif 2S2C dans le primaire, c’est un pas supplémentaire vers l’externalisation des missions de service public de l’Éducation nationale. Les enseignements artistiques, culturels et l’éducation au développement durable ne peuvent-être confiés à des prestataires privés, ils sont partie intégrante de la formation et doivent être dispensés par des enseignants. C’est aussi renforcer l’idée que les vacances seraient une perte de temps alors qu’elles sont un temps de pause nécessaire et propice à d’autres activités. Nous rappelons à ce propos que beaucoup d’élèves de lycées professionnels sont en CDD dans les entreprises pendant les vacances scolaires.
Plutôt qu’un «Été pro» synonyme d’une surcharge de travail pour les élèves et les personnels, la CGT Éduc’action revendique un plan d’urgence pour la voie pro. Ce plan est simple : abandon de la réforme pour la Transformation de la Voie Professionnelle, annulation des suppressions de postes et déblocage de moyens budgétaires spécifiques permettant des conditions de rentrée satisfaisantes pour les élèves et les personnels !
Montreuil, le 17 juin 2020