L’Association française de gestion, l’organisme professionnel des gestionnaires financiers, vient de publier son bilan 2019 de l’épargne salariale et de l’épargne retraite.
Celui-ci fait apparaître une augmentation importante en 2019 des fonds d’épargne salariale et d’épargne-retraite.
Fin 2019, les fonds d’épargne salariale et d’épargne-retraite d’entreprise (Perco et retraites d’entreprise) représentaient 144,8 milliards d’euros (dont 20 milliards au titre de l’épargne retraite), soit un doublement par rapport à 2008.
Cette augmentation était attendue.
Elle résulte des effets de la loi Pacte dont l’encouragement à l’épargne salariale au nom du « partage de la valeur » était l’une des orientations majeures.
Ce développement de l’épargne salariale a été notamment encouragé par la diminution du forfait social, qui taxait cette dernière au taux de 20 % et qui a été supprimée pour les PME. Au passage, cette suppression a occasionné une perte de recettes de 600 millions d’euros pour la Cnav, qui était le bénéficiaire de cette contribution.
Les chiffres sont impressionnants : si la hausse des encours tient à la situation favorable des marchés boursiers en 2019, la collecte brute s’est élevée, selon l’AFG, à 15,5 milliards d’euros.
Notons par ailleurs la montée en régime de l’épargne-retraite : aujourd’hui, 3 millions de salariés détiennent de l’épargne sur le Perco ou dans une retraite d’entreprise.
Grand poids de l’actionnariat salarié
Une autre conclusion de cette étude est le poids de l’actionnariat salarié : fin 2019, il représentait 38 % du montant total de l’épargne salariale.
Dans les sociétés cotées en bourse, la part détenue par les salariés est en en moyenne de 3 à 4 %, et beaucoup plus dans certaines entreprises. Ainsi, il représente 19 % chez Bouygues, 9 % chez Vinci, 8 % à Saint-Gobain et 6,5 % à la Société générale.
Sauf que la valeur de cette épargne s’est effondrée suite à la crise du Covid-19 (le CAC 40 a perdu environ 25 % par rapport aux cours, il est vrai très élevés du début de l’année).
Ainsi, selon le cabinet Eres, la valeur de l’action Bouygues et celle de Vinci ont perdu plus de 30 %, Saint-Gobain 35 %, Safran, où l’actionnariat salarié représente 7 % du capital, a elle perdu 45 %. Quant à l’action de la Société générale, elle a vu son cours baisser de 57 % depuis le début de l’année.
Et les salariés les plus touchés ont été ceux qui avaient souscrit récemment à une opération d’actionnariat salarié (2018 et 2019).
Comme quoi, non seulement l’épargne salariale, en se substituant aux salaires, n’ouvre aucun droit à retraite, mais elle fond comme neige au soleil en période de crise. Ceci est particulièrement vrai de l’actionnariat salarié, qui conduit à cumuler le risque de perte de son emploi avec celui de perte de son épargne.