Changer de cap nécessite de transformer le travail en plaçant l’humain au centre pour lui redonner du sens, maîtriser son contenu, son organisation et sa finalité. Cela commence par reconnaître celles et ceux qui le réalisent.
Pour cela, il faut :
- reconnaître le travail par le salaire. Cela implique de revaloriser l’ensemble des grilles de classification et de salaire pour que soient prises en compte les qualifications, les certifications, l’expérience acquise et la non-discrimination entre les salariés ;
- appliquer la loi concernant l’égalité entre les femmes et les hommes. Cela implique de mettre en place de véritables sanctions pour les entreprises qui ne la respectent pas, et de mettre en place un plan de revalorisation des métiers à prédominance féminine. Le gouvernement doit ratifier la convention n° 189 de l’OIT : « Travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques » ;
- garantir l’égalité des droits sur les lieux de travail entre travailleurs et travailleuses quelle que soit leur nationalité, qu’ils soient détachés saisonniers, sans-papiers, et régulariser automatiquement les travailleurs sans-papiers sur simple preuve de la relation de travail ; assurer un droit d’expression dans l’entreprise afin de définir l’organisation et les conditions de travail ;
- que l’encadrement dispose aussi d’un droit d’intervention et d’alerte pour refuser de mettre en oeuvre une consigne portant atteinte au collectif ou à l’éthique.
Le recours au télétravail, dans le cadre de la lutte contre la pandémie, est révélateur des impacts néfastes qu’il peut avoir sur les salariés s’il n’est pas encadré. Pour la CGT, il est nécessaire d’encadrer les nouvelles formes d’activité professionnelle, notamment par :
- la négociation d’un nouvel accord national interprofessionnel et sa déclinaison dans les branches et entreprises pour encadrer la pratique du télétravail et notamment par un droit à la déconnexion et à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ainsi que la prise en charge des frais engagés par le salarié ;
- la redistribution aux salariés des gains réalisés par l’entreprise par une revalorisation salariale et une amélioration des conditions de travail.
Les nouvelles technologies doivent permettre de repenser l’organisation du travail pour que celles et ceux qui réalisent l’activité se la réapproprie. Les outils numériques doivent être pensés et conçus pour permettre de gagner en autonomie, pour développer les espaces d’échanges et faciliter le soutien entre collègues, ou entre encadrants et équipes. Le management doit être fondé sur l’intelligence collective en renforçant la formation sur deux axes : la formation liée au métier et celle liée à l’utilisation des outils numériques.
Il faut préserver et améliorer la santé au travail. Pour cela, il faut que l’organisation du travail, les conditions de travail la favorisent ou ne s’y opposent pas. La médecine du travail doit pouvoir agir en prévention et dès lors que le travail devient pathogène. Ses moyens et prérogatives doivent être étendus comme ceux de l’inspection du travail. Leur indépendance à l’égard des employeurs et de l’administration doit être garantie pour assurer l’effectivité du respect du droit du travail.