Entreprises et gouvernement ont fait une promotion vigoureuse du télétravail, jusqu’à le hisser au rang de panacée. Et la vitesse avec laquelle nombre de salariés se sont inscrits dans cette nouvelle organisation du travail exprime sans doute aussi leur volonté de ne pas subir, de combattre la crise sanitaire en « continuant » comme avant, même si différemment.
Mais attention à la mécanique des « effets d’aubaines » déjà bien en route. D’une part, le télétravail soulève, pour les salariés, autant de problèmes qu’il en règle. D’autre part, il est inséparable du travail tout court. Enfin, s’il est généralisé comme norme de vie sociale, il exclut celles et ceux qui, pour une raison ou une autre, se situent du mauvais côté de la fracture numérique. D’où la nécessaire vigilance syndicale : car « l’après », c’est maintenant.
Un « après » déjà là…
Confinement aidant, le télétravail s’est imposé avec une évidence indiscutable du fait de ses avantages propres : rapidité, facilité… Le gouvernement en a fait une promotion vigoureuse, jusqu’à le hisser au rang de panacée. Et la vitesse avec laquelle nombre de salariés se sont inscrits dans cette nouvelle organisation du travail exprime sans doute aussi leur volonté de ne pas subir, de combattre la crise sanitaire en « continuant » comme avant, même différemment. Mais soyons lucides : l’épidémie porte aussi en elle nombre d’« effets d’aubaines », sous couvert de basculer dans une supposée modernité. L’« après » promis devient alors problématique.
Marche forcée et besoins de régulation
On expérimente les mécaniques du télétravail, on connaît ses avantages comme ses inconvénients. On sait les besoins d’encadrement qui découlent de ces tensions, surtout lorsque le passage s’opère à marche forcée. Il est bon de rappeler à cet égard que la France s’est toujours abstenue de signer l’unique convention internationale visant à encadrer le sujet…
Solutions d’urgence ou nouvelle norme ?
La promotion du télétravail, dans le contexte actuel, est à hauts risques. Le premier tient à l’inégalité face au virus entre ceux qui peuvent télétravailler et ceux dont le métier exclut cette possibilité. Le second concerne toutes celles et ceux qui, pour une raison ou une autre, se situent du mauvais côté de la fracture numérique et se trouvent, de fait, exclus d’un grand nombre de droits, de procédures, de recours, bref, de possibles… Enfin, il apparaît assez clairement que ce qui se met en place comme solutions d’urgences dans les entreprises, dans les services, dans l’Éducation nationale comme dans la santé, risque de devenir une norme organisationnelle pour l’ensemble du corps social.
Dire aujourd’hui les mutations en cours
D’où l’importance, pour le syndicalisme, d’analyser aujourd’hui, et non demain, ce qui est en gestation, à défendre la santé mentale et physique de celles et ceux qui y sont confrontés. C’est le sens de la décision de l’Ugict-Cgt de lancer une enquête sur les conditions de travail et les moyens mis à disposition des personnels de l’encadrement pour l’exercice de leurs responsabilités. Coconstruite avec les syndicats Cgt de la Dares (ministère du Travail) et de la Drees (ministère de la Santé), elle permettra de donner substance aux axes revendicatifs qu’exigent l’encadrement du télétravail, le respect de l’équilibre vie professionnelle-vie privée, la nécessité d’un droit d’intervention, de retrait ou d’alerte.
Le numéro d’avril d’Options, la revue des cadres et techniciens de la CGT est disponible gratuitement en ligne https://syndicoop.fr/options/656-avril-2020/?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Campagne_Options_1_-_Lettre_UGICT_hors_abonns_hors_inactifs&utm_medium=email