Crise sociale : la réforme du chômage maintenue

Malgré la crise sociale qui se profile dans le sillage du confinement, le gouvernement maintient sa réforme de l’assurance chômage. La deuxième phase, qui devait entrée en application le 1er avril, a été reportée à septembre. Elle modifie les règles de calcul de l’indemnisation, entraînant une baisse moyenne des indemnités de 22 %.

Avec la crise sanitaire, une crise sociale et économique se profile

En mars, Pôle emploi enregistrait une augmentation de 7,1 % du nombre d’inscriptions, due à des fins de contrats, des fins de missions en intérim… Au total, « la France comptabilise 3 732 500 chômeurs de catégorie A (personnes sans emploi tenues d’effectuer des démarches de recherche, selon la définition de Pôle emploi, ndlr) », a indiqué Pôle emploi dans un communiqué fin avril. Dans les mois à venir, on s’attend à une explosion du chômage.

Dans le secteur aéronautique et automobile, des sous-traitants prévoient déjà de licencier massivement. Le 14 avril, le PDG de Daher, qui travaille avec Airbus, a ainsi évoqué dans un mail interne « un plan de survie » et « des mesures douloureuses et inédites » : 3 000 postes pourraient disparaître.

Chez Sabena Technics, spécialisée dans la maintenance aéronautique, la perspective de près de 250 licenciements sur les sites de Dinard et Bordeaux a été évoquée. Dans la chaîne de meubles Alinéa, ce sont 2 000 postes qui risquent de disparaître. Plus d’un millier pour Naf-Naf et 6 000 pour la chaîne de magasins La Halle.

Malgré ces données, le gouvernement ne change pas sa ligne et continue de s’attaquer aux droits des travailleurs, en témoigne son refus d’annuler la réforme de l’Assurance-chômage, comme le revendique depuis des mois la CGT. La deuxième phase de la réforme, qui devait entrée en application le 1er avril, a été reportée à septembre. Elle modifie les règles de calcul de l’indemnisation, entraînant une baisse drastique des droits.

Un nouveau mode de calcul entraînant une baisse moyenne des indemnités de 22 %

De fait, le salaire de référence sera calculé, non plus sur les jours travaillés dans les douze  derniers mois, mais sur l’ensemble de la période allant du début du premier contrat à la fin du dernier contrat signé dans les vingt-quatre derniers mois.

Par exemple, si une personne a travaillé six mois sur vingt-quatre mois, avec un salaire total de 7 200 euros, ce chiffre sera divisé par vingt-quatre. Avec cette mesure, le salaire médian va passer de 905 euros à 708 euros, c’est à dire que plus de 50 % des personnes indemnisés toucheront moins de 708 euros par mois.

Certes, en allongeant la période de référence, la réforme allonge la période d’indemnisation : les allocataires seront indemnisés plus longtemps, mais ils seront plus pauvres.

Déjà, la première phase de la réforme avait durci les conditions d’accès, en portant de quatre à six mois le nombre de mois travaillés pour ouvrir des droits.

Au 1er mars, 410 000 travailleurs précaires n’ont pas pu ouvrir ou recharger leurs droits suite à l’application de ces nouvelles règles.

Dans les mois à venir, cette mesure risque de laisser sur le carreau nombre de saisonniers et de travailleurs précaires, qui ont vu leur saison amputée et leurs contrats annulés par le confinement.

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