Le 14 mai dernier, sous couvert de relance économique, la Préfecture de Loire Atlantique sollicitait l’avis des organisations syndicales pour obtenir l’ouverture des commerces jusqu’à 6 dimanches sur la période du 1er juin au 30 septembre 2020.
Dès le lendemain, saluant cette initiative, un collectif regroupant le MEDEF, la CPME, l’U2P, la CFDT, l’UNSA, la CFTC et la CFE-CGC, répondait favorablement à cette demande en s’accordant sur une position commune : ouvrir 5 dimanches sur la période.
Ces dérogations s’ajoutent à des décisions locales, qui amèneront certains salariés du Commerce à travailler jusqu’à 12 dimanches sur l’année 2020 !
Cette démarche n’est pas nouvelle : elle est le prolongement de cinq années d’accords sur le sujet entre ces organisations et les pouvoirs publics qui ont banalisé le recours au travail du dimanche.
Alors que nous sortons progressivement d’une période de deux mois de confinement, nous pouvons d’ores et déjà faire le constat que les pratiques du « monde d’avant » se poursuivent inexorablement quoiqu’il en coûte aux salariés.
Nos organisations syndicales rappellent que le repos dominical est une garantie pour les salariés inscrite dans la loi de 1906. Il constitue un repère commun essentiel, utile à la vie en société, permettant à chacun de se détacher de la société de production et de consommation et de se consacrer à la vie sociale.
Les dérogations au repos dominical ne doivent donc être permises que pour des nécessités telles que la santé, la sécurité et la protection des personnes ou toute autre activité essentielle à l’intérêt général. Elles ne se justifient donc pas pour les activités de Commerce. Elles n’assurent pas plus de croissance : elles repartissent simplement la consommation dans un contexte où le pouvoir d’achat, déjà attaqué depuis plusieurs années, s’effondre pour des millions de nos concitoyens en raison de la crise que nous traversons.
Aujourd’hui comme hier, ce sont les salariés, en particulier les bas salaires, qui sont désignés pour payer les pots cassés d’un monde du travail organisé à flux tendu par le capital. Les salariés du petit commerce, qui ont vu leur pouvoir d’achat réduit en raison du chômage partiel, seront doublement pénalisés en sacrifiant leurs dimanches. Personne n’est dupe : le volontariat affiché comme pare-feu est, dans le meilleur des cas, contraint par la nécessité de compenser financièrement les pertes et les faiblesses de revenus.
Nos syndicats dénoncent ce chantage économique qui pèse sur les épaules des travailleurs du commerce.
Ce n’est pas aux travailleurs qui produisent les richesses de payer une fois de plus, en dérogeant au repos dominical ou en subissant la dérégulation du temps de travail. Ces dérogations n’ont rien d’anodin car elles s’inscrivent, sous couvert de sauver les emplois et une conception de l’économie, dans la longue liste des atteintes au droit du travail auxquelles nous assistons depuis la mise en place de l’état d’urgence sanitaire. Le monde d’après que cela prépare n’est pas celui que nous voulons ; bien au contraire, l’urgence sociale et climatique que cette crise sanitaire a rendue encore plus criante nous oblige à réinterroger nos conditions de travail et nos modes de consommation.
Nos organisations s’opposent fermement aux ouvertures du commerce le dimanche, et ne serviront pas de caution à ces mesures injustes et d’un autre temps.
Ce n’est pas l’ouverture des commerces le dimanche qui permettra de relancer l’économie mais de véritables mesures de revalorisation des salaires, pensions et minima sociaux, de développement de l’emploi, notamment par la relocalisation des productions et la réduction du temps de travail.