Monsieur le Directeur,
Nous traversons une situation inédite et exceptionnelle où la pandémie a conduit le gouvernement à déclencher le plan urgence sanitaire.
La situation ne cesse d’évoluer dans le monde, en France et sur notre région.
L’ensemble de la population et l’ensemble du monde du travail sont concernés et en danger. Nos organisations territoriales et professionnelles croulent sous les questions de salarié-es inquiet-es pour leur santé et celle de leurs collègues, familles. Nos syndicats mettent tout en œuvre pour mettre en sécurité les personnels qui passe notamment par la détermination des activités essentielles à la santé et à la vie de la nation, et par les moyens de protection adaptés pour ceux et celles obligé-es de travailler dans ces secteurs.
Force est de constater que dans de nombreux secteurs et entreprises, la mise en place des gestes barrières et la distanciation sociale est difficile, voire impossible à mettre en place. Les mesures dérogatoires au code du travail vont détériorer encore plus les conditions de travail avec de lourdes conséquences sur la santé des salarié-es. La CGT en demande l’abrogation pour ne pas ajouter de risques à l’épidémie.
Nul ne sait vraiment aujourd’hui quelles seront toutes les conséquences de cette crise sanitaire à moyen et long terme. Cependant, les décisions d’aujourd’hui pèseront fortement sur les suites.
Les professionnel-les du secteur sanitaire, social et médico-social sont en première ligne pour faire face à la pandémie. Ils et elles se retrouvent fortement exposé-es à la maladie et prennent des risques pour assurer leurs missions, leur métier avec un engagement sans faille, sans les moyens humains et matériels suffisants. Les situations de saturation des régions Grand Est et Ile de France montrent toutes les failles de notre système de santé résultant des choix politiques de ces dernières années et du refus de prendre en compte les revendications exprimées par les professionnels. La crise sanitaire voit ses effets accentués par le manque de moyens de l’hôpital public. Les plans d’économie décidés par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis une quinzaine d’années, le mécanisme de financement à l’acte ont conduit à diminuer les effectifs de l’hôpital public, et à perdre au plan national près de 70 000 lits en 15 ans. La CGT n’a cessé de dénoncer la perte des moyens de l’hôpital public, qui s’avère aujourd’hui criminelle. Alors que le futur bâtiment du CHU devrait conduire à diminuer encore le nombre de lits, elle demande que le projet de déplacement soit arrêté immédiatement et réétudié dans sa globalité de façon à répondre aux besoins de la population en concertation avec celle-ci qui est directement concernée par ce projet.
Dans un courrier en date du 25 mars, vous indiquiez : « La gestion des masques de protection pour lutter contre le coronavirus suscite une forte tension, qui va s’apaiser avec la disponibilité très prochaine de grands volumes au niveau national. Aussi, les jours qui viennent sont l’occasion de compléter ces volumes mais également de couvrir des besoins en dehors du périmètre de la santé ».
Or à ce jour, les masques font toujours cruellement défaut pour ces professionnels alors que subsistent dans les entreprises des stocks. Les EHPADs et l’aide à domicile sont des secteurs qui alertent au plus haut niveau.
La CGT exige que les stocks de masques encore présents dans les entreprises soient réquisitionnés et prioritaires pour les professionnels de santé et pour les secteurs essentiels à la vie de la nation. Par exemple, Chez Enedis, la CGT a comptabilisé sur la région 70 000 masques FFP1.
Au-delà du manque de masques, les pénuries de gels hydro alcooliques, blouses, charlottes, seringues sont aussi de tristes réalités. Gravissime, le risque de pénurie de médicaments se rapproche de plus en plus. La CGT souhaite avoir les éléments précis sur ces situations et connaître les dispositions prises nationalement et localement pour lutter contre ces pénuries avec des points de situation une fois par semaine.
La CGT souhaite connaître précisément les capacités et dispositions prises sur notre région pour l’ensemble du système sanitaire et médico-social pour la continuité des soins : dispositifs pour l’accueil et le suivi des malades du Covid 19 mais aussi des autres pathologies ; l’organisation dans les EHPAD, dans les structures d’hébergement sociales et médico-sociales, les accompagnements et soins à domicile pour les personnes âgées, les handicapé-es, les malades psychiques…
La CGT souhaite avoir les informations concernant les personnels soignants de notre région : effectifs présents, effectifs malades, dépistages, réorganisation de services, dérogations horaires de travail, dispositifs de formations pour renforcer les personnels en réanimation, dispositifs d’hébergements, dispositifs de confinement dans les EHPAD pour les personnels…
Pour faire suite à la demande de l’ARS concernant le personnel soignant, privé comme public susceptible d’aller travailler dans les établissements de la région accueillant des malades du Covid 19 en manque de personnel, la CGT demande quelles dispositions sont mises en œuvre pour leur accueil.
La CGT demande que toute la transparence soit faite sur le nombre de décès lié au Covid 19, qu’ils interviennent à l’hôpital, dans les EHPADs ou à domicile.
Le manque de communication et d’information accentue les craintes dans un contexte déjà très anxiogène. Dans les établissements les représentants des personnels notamment au travers des CHSCT ou des CSE dans le privé doivent être associés à l’information et aux décisions qui les concernent. Ainsi, dans certains établissements les directives quant aux mesures de protection sont floues, voire contradictoires.
Au niveau territorial, la CGT demande à avoir des points réguliers de situation avec un contact direct ARS et comité régional CGT mais également entre nos unions départementales et les délégations territoriales.
Les appels au secours des médecins face à la saturation des hôpitaux, l’augmentation continue du nombre d’hospitalisations et de décès, la méconnaissance du monde médical et scientifique sur les caractéristiques de ce virus et donc les inconnues quant à son évolution et ses conséquences sur le long terme, rendent inacceptables les propos tenus par le Préfet de région, exhortant à la reprise de l’activité économique. Bafouer les règles de confinement au service du capital et au détriment de la vie des salarié-es est irresponsable. Prendre ce risque, ce n’est pas respecter ceux et celles qui mettent tout en œuvre aujourd’hui pour sauver des vies dans les établissements de santé. C’est aussi mettre leur vie en danger. Certes, ses propos n’engagent pas l’ARS mais la CGT tenait à vous exprimer son indignation face aux propos du représentant de l’Etat en région. La CGT lui exprimera de vive voix.
Dans l’attente de réponses à nos interrogations, veuillez recevoir, Monsieur le Directeur, l’expression de nos cordiales salutations.
Francine DESNOS
Secrétaire du comité régional CGT Pays de la Loire