Une dette excessive…
Les hôpitaux publics sont des établissements autonomes en matière administrative et financière. Ils disposent donc d’un budget qui leur est propre.
Le sous-financement des besoins par l’État a conduit les hôpitaux à s’endetter massivement pour tenter de répondre à ces besoins. Les hôpitaux doivent également s’endetter pour faire des investissements importants que ça soit pour du matériel technologique ou pour de l’immobilier par exemple. Cependant, étant des établissements indépendants, les hôpitaux n’ont pas les mêmes conditions d’emprunt que l’État, notamment en matière de taux d’intérêts. Les hôpitaux empruntent donc à des taux d’intérêts plus élevés et plus ils sont en difficultés financières plus les taux augmentent.
Ces différents facteurs ont conduit à un endettement massif des hôpitaux ainsi qu’à une charge de la dette (les intérêts) représentant une somme considérable.
En 2018, la dette totale des hôpitaux atteignait près de 30 milliards d’euros.
… qui plombe notamment l’investissement
Cette montée inexorable du taux d’endettement des hôpitaux publics s’est traduite par une chute de l’investissement de ces établissements. En effet, les intérêts représentent une charge évaluée entre 800 millions et 1 milliard d’euro par an soit 1,5% des ressources stables des hôpitaux, pour supporter ces charges, les directions d’hôpitaux limitent donc les investissements au minimum comme le montre le graphique ci-dessous. Si en 2017, le niveau d’investissement était le même qu’en 2009, cela correspondrait à 4 milliards d’investissements supplémentaires par an. Ces 4 milliards d’investissements manquants, soit environ 25 milliards depuis 2009, c’est autant de matériel en moins comme par exemple … des respirateurs artificiels mais également des scanners, des IRM, etc
On comprend assez aisément que les hôpitaux soient si rapidement saturés pendant la crise du COVID 19. Combien de vies supplémentaires auraient pu être sauvées sans ces politiques managériales de l’hôpital ?
Le gouvernement a annoncé en octobre une reprise de la dette sur 3 ans à hauteur de 10 milliards d’euros soit 1/3 du total de cette dette. Cela n’est pas suffisant, c’est bien toute la dette des hôpitaux qui doit être reprise. En effet, l’État est le principal responsable de ces dettes, contractées pour pallier la faiblesse de ses financements.
Dans le même temps, les cliniques privées connaissent leur plus bas taux d’endettement (notamment grâce au CICE) depuis 10 ans, ce qui leur permet d’augmenter leurs investissements depuis 2015.
De plus, étant donné les conditions de refinancement de l’État et la masse de dette en jeu, l’effort pour l’État serait pour le moins minime. Bien qu’insuffisante cette mesure serait salutaire. C’est toute la logique de privatisation « de l’intérieur » de l’hôpital qu’il faut rejeter.