Crise sanitaire : la double peine des précaires

Une crise sociale de grande ampleur se profile, alors que l’économie tourne au ralenti depuis le début de la crise sanitaire liée à l’épidémie du Covid-19. Pour les travailleurs pauvres, les précaires, les étudiants et les travailleurs sans papiers ou non déclarés, la crise sanitaire est une double peine.

La France compte plus de deux millions de travailleurs pauvres, tandis que neuf illions de Français vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 1 050 euros par mois), d’après les derniers chiffres de l’Insee.

Pour ces personnes, la crise sanitaire fait l’effet d’une double peine. Fermetures des restaurants universitaires, absence de petits boulots, bourses insuffisantes… les étudiants, déjà durement touchés par la pauvreté et la précarité (20,8 % des « élèves et étudiants » se situent sous le seuil de pauvreté selon les chiffres de l’Insee), voient leur situation se dégrader. Fin mars, le ministère de l’Enseignement supérieur a débloqué 10 millions d’euros pour venir en aide aux étudiants en situation de précarité.

Le gouvernement vient par ailleurs de débloquer une aide pour 4 millions de familles en grande précarité. Cette aide atteindra 150 € par ménage, plus un bonus de 100 € par enfant pour les allocataires du RSA et de l’ASS. Pour les familles bénéficiaires des aides au logement, elle s’élèvera à 100 € par enfant.

Les plus précaires comptent aussi parmi les plus mobilisés dans la lutte contre le Covid-19

Parmi eux, on retrouve un nombre considérable de femmes, majoritaires dans les métiers liés aux soins et dans la grande distribution : selon l’Observatoire des inégalités, 97 % des aides à domicile sont ainsi des femmes, tout comme 90 % des aides-soignants, 87,7 % des infirmiers et sages-femmes et 73,5 % des vendeurs.

Celles-ci sont par ailleurs très souvent sous-rémunérées, travaillent à temps partiel et avec des contrats courts. Notre organisation, dans une lettre adressée le 7 avril au président de la République, a demandé la hausse immédiate du Smic. La CGT revendique une augmentation de 20 % du Smic, soit 1 800 € brut par mois.

Travailleurs ubérisés et sans papiers comptent aussi parmi les plus mobilisés

« Les travailleuses et travailleurs sans papiers sont en première ligne, comme les autres travailleurs précaires. Vulnérables parce qu’ils sont dépourvus d’autorisation de travail, ils sont, bien souvent, démunis des tenues et matériel nécessaires, pour les protéger et préserver leur santé. Ils risquent d’être expulsés de notre territoire, alors qu’ils participent avec les autres salariés à le faire vivre. Ils font partie intégrante de ce salariat qui permet la continuité des activités indispensables à notre vie à tous : le ramassage et le tri des déchets, la sécurité, la manutention, la mise en rayon dans les supermarchés, le nettoyage, l’aide à la personne, l’agriculture, etc. », souligne notre organisation.

En tant qu’intérimaires, ils et elles continuent à préparer « les commandes pour les grands groupes de logistique, à livrer des repas via les plateformes et voient leur vie, leur santé mises en danger pour des activités non essentielles à notre pays, dans cette période d’épidémie ». La CGT revendique la régularisation des travailleurs sans papiers.

La CGT demande aussi des mesures concrètes pour les privés d’emploi

D’après les chiffres publiés par la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), Pôle emploi a enregistré 500 000 inscriptions pour le mois de mars, tandis que les plateformes de recherche d’emploi ont vu le nombre d’offres d’emploi baisser de 40 %.

Pour le Comité national CGT des travailleurs privés d’emploi et précaires, « cette explosion des inscriptions à Pôle emploi cumulée avec la forte baisse des offres d’emploi – qui comportent encore vraisemblablement des offres illégales mensongères et frauduleuses – prouve que les travailleurs privés d’emploi et précaires sont les premières victimes de l’impact du Covid-19 sur l’économie ! Plus que jamais, il faut geler le décompte des jours indemnisés, arrêter les radiations et le contrôle de la recherche d’emploi et indemniser 100 % des privés d’emploi ».

L’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) estime de son côté que 460 000 personnes vont se retrouver sans emploi à l’issue du confinement. Parmi elles, environ 180 000 personnes en contrat court, et 288 000 personnes qui étaient en période d’essai. Un certain nombre risque de se retrouver sans ressources, la réforme de l’Assurance-chômage ayant durci les conditions d’accès.

Depuis le 1er novembre, il faut avoir travaillé six mois minimum pour ouvrir des droits.

Combien de saisonniers, qui ont vu leur saison amputée, vont se retrouver dans l’impossibilité d’ouvrir des droits ? La CGT revendique plus que jamais l’annulation de cette réforme.

Plus jamais ça ! Construisons ensemble le jour d’après.
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