« On pouvait s’échanger les réponses » : le nouveau bac vire à la confusion dans ce lycée d’Angers

PRESSE: OUEST-FRANCE ICI

Les épreuves communes du contrôle continu (E3C) se sont déroulées dans la confusion, ce mardi, au lycée Chevrollier d’Angers. Les enseignants grévistes ont manifesté contre la décision de recourir à du personnel extérieur pour les surveiller. Les élèves, eux, décrivent un « grand bazar »…

Peu importe le couvert, pourvu qu’on ait du bruit… Une soixantaine d’enseignants du lycée Chevrollier d’Angers mobilisés contre la réforme du bac, ont sorti casseroles et cuillers, ce mardi 28 janvier, en début d’après-midi, devant les grilles de l’établissement public.

Objectif : protester contre le recours à des personnels extérieurs pour surveiller les épreuves communes du contrôle continu, les fameuses E3C, qui constituent le premier acte de la réforme du proverbial examen. Au menu, pour les élèves de la filière technologique : les maths. Et, l’après-midi, pour la filière générale : l’histoire-géo.

« Atteinte inédite au droit de grève »

La veille, le lundi 27 janvier, les épreuves de langue vivante 1 avaient déjà été annulées dans l’établissement, en raison de la grève massive des enseignants chargés de les surveiller.

Mais « ce mardi matin, le rectorat a envoyé des retraités et des personnels administratifs pour remplacer les grévistes ! », souligne une enseignante. Qui dénonce « une atteinte inédite au droit de grève. »

Une grève menée contre la réforme du bac, donc, et pour l’annulation des E3C, « tant que les conditions de réussite des élèves ne sont pas assurées ».

« On nous a dit débrouillez-vous »

Or, quand on interroge les élèves, au sortir de l’épreuve de maths, notamment, le mot réussite n’est pas forcément le premier qui leur vient à l’esprit…

« L’épreuve était dure, déplore Zya, 18 ans, en première ST2S (Sciences et technologies de la santé et du social). Déjà, elle a commencé avec 40 minutes de retard. Il y avait des choses qu’on n’avait pas vues. Et l’énoncé était faux. J’ai fait un exercice et demi sur quatre… »

Quant aux surveillants, chargés de veiller au bon déroulement de l’épreuve mais pas forcément rompus à l’exercice, « certains ne savaient pas comment faire pour mettre la calculatrice en mode examen », poursuit la jeune fille. Pire : « On nous a dit : débrouillez-vous, on ne peut pas vous aider. »

« C’était n’importe quoi »

Solime, 17 ans, également en première ST2S, ajoute : « Parfois, les surveillants sortaient de la salle. Du coup, on se retrouvait seuls, on pouvait discuter comme on voulait, s’échanger les réponses. Enfin, c’était n’importe quoi. »

Dépitées, les filles n’ont « pas l’impression d’avoir passé le bac. Alors que c’est nous, les élèves, les premiers touchés ». À côté, d’autres lycéennes ne disent pas autre chose. « Franchement, cette épreuve, c’était le grand bazar. »

Pour les enseignants et les syndicats opposés à la réforme du bac, au-delà d’une organisation pour le moins confuse, les épreuves communes du contrôle continu posent également le problème d’une égalité des élèves devant l’examen.

Les sujets sur les réseaux sociaux

« Certains se passent les sujets sur les réseaux sociaux. Bien avant les épreuves. Le bac n’est plus un examen national ! » Sollicité, Jérôme Gagnaire, le proviseur du lycée Chevrollier, n’a pas souhaité faire de commentaires.

Quoi qu’il en soit, dans son établissement comme ailleurs, les E3C devraient, cahin-caha, se poursuivre durant la semaine. Mais elles vont se heurter à d’autres actions, promises par les enseignants et les élèves qui s’y opposent. Certaines, comme au lycée Renoir, ont d’ailleurs été reportées.

Bref, les élèves qui inaugurent la réforme du bac n’ont pas fini de stresser. Loin, bien loin des ambitions affichées par le ministère de l’Éducation nationale de faire du nouveau bac… « un tremplin vers la réussite ».

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