Énormes mobilisations encore aujourd’hui en Loire-Atlantique. L’intersyndicale annonce les chiffres de 18000 manifestants à Nantes, 6000 à Saint-Nazaire, 700 à Ancenis et 400 à Châteaubriant.
Face à notre mouvement historique et une opinion publique qui majoritairement le trouve toujours justifié malgré les manœuvres méprisantes du gouvernement et de quelques médias complices, on nous raconte en ce moment, à longueur d’antenne, une belle histoire avec un héros qui pourrait mettre fin à cette pagaille : si le gouvernement retirait la mesure de l’âge pivot comme le demande Berger, la grève s’arrêterait, nous raconte-t-on. D’abord, sans vouloir casser l’ambiance dans les salons feutrés, le gouvernement n’a pas vraiment l’air décidé à reculer sur ce point. Mais surtout, les observateurs ont dû mal observer : on se marre, car qui est en lutte depuis le 5 décembre ? Est-ce Berger ? Bien sûr que non. Ceux qui sont en lutte depuis 35 jours, ce sont ceux qui demandent purement et simplement le retrait de ce projet de casse de nos retraites, pas ceux qui veulent négocier le poids des chaînes.
Et ceux qui décident d’arrêter ou de continuer, ce sont les grévistes et rien qu’eux !
Alors non M. Macron, soyez-en assuré, la grève ne s’arrêtera pas pour des pansements sur des jambes de bois, sur des promesses sans lendemains, sur des compromis emplis de compromissions pour le monde du travail. La grève s’arrêtera uniquement lorsque votre projet régressif et dogmatique sera enterré !
La question de l’âge pivot est évidemment une question importante, mais surement pas l’essentiel de cette contre-réforme.
Le cœur du projet jupitérien se trouve d’abord dans le plafonnement des dépenses de retraites à 14 % du PIB.
L’assureur Delevoye nous disait, avant son départ, que cette règle du 14 % garantissait jusqu’à 2050 à la fois la hausse des pensions et l’absorption du nombre de retraités. Mais comment croire qu’avec une augmentation de 35 % du nombre de retraités d’ici 2050 et une croissance revue chaque année à la baisse on pourrait partager le gâteau dans la même proportion ? Qui d’ailleurs peut dire aujourd’hui ce que sera la croissance en 2050 quand on est à peine capable de la déterminer pour l’année qui suit ? Ce qui, inévitablement, se produira c’est que nous aurons un gâteau de même taille à partager en un plus grand nombre de personnes, et donc une pension qui baissera.
La deuxième mesure essentielle est le calcul de la retraite sur l’ensemble de la carrière au lieu des 25 meilleures années dans le privé et les 6 derniers mois dans le public.
Nul besoin d’avoir fait de hautes études pour comprendre qu’un tel calcul aura mécaniquement un effet réducteur sur le niveau de la pension. Pour tous ceux qui ont une carrière linéaire, mieux payée en fin de carrière qu’au début, c’est un calcul également sur les plus mauvaises années, et donc une baisse des pensions. Et pour beaucoup d’entre nous qui aurons également subit des emplois précaires, des périodes de chômage, de maladie, de maternité, etc… c’est la double peine : des revenus misérables dans sa vie active et une pension misérable pour sa retraite. La règle des 25 meilleures années ou des 6 derniers mois minorait, voir annulait ces périodes. Ce ne sera plus le cas avec le projet Macron.
On nous dit aussi que les salariés nés avant 1975 ne seront pas concernés par la réforme.
Ce n’est que mensonge car ils seront impactés de la même manière que tous les autres par le recul de l’âge de départ, soumis à décote si on n’atteint pas l’âge d’équilibre. Par ailleurs, le calcul de la valeur du point étant soumis aux aléas de la conjoncture économique, de l’espérance de vie de la génération, du nombre de retraités et de ce plafond à 14 % du PIB, le point pourrait baisser et donc impacter toutes les pensions, y compris celles des retraités actuels.
Voici quelques-uns parmi beaucoup d’autres des lièvres contenus dans ce projet idéologique qui ne vise qu’à offrir, sur le dos des salariés, des mannes financières considérables aux intérêts capitalistes, au premier rang desquels on retrouvera évidemment le géant de la finance Blackrock, dont le président français vient d’être fait officier de la légion d’honneur.
Ce que nous proposons nous, depuis plus de 2 ans de discussions avec ce gouvernement volontairement sourd, ce n’est pas de changer le système mais d’améliorer l’actuel pour permettre plus de solidarités, pour vivre dignement, en bonne santé, ne pas perdre sa vie à la gagner : n’est-ce pas ça ce que devrait offrir à son peuple un pays moderne, 6e puissance économique mondiale ?
- Nous revendiquons un départ à 60 ans à taux plein, avec un revenu de remplacement à 75 % du revenu net d’activité, calculé sur les 10 meilleures années dans le privé et les 6 derniers mois dans le public, et avec un minimum au SMIC réévalué à 1800 €.
- Nous revendiquons également la prise en compte des années d’étude et de la pénibilité.
- Ce ne sont pas les dépenses qu’il faut baisser, mais les recettes qu’il faut augmenter.
Et de l’argent pour le faire, il y en a. Il n’y a qu’à regarder du côté des dividendes indécents versés ces dernières années aux amis actionnaires du président.
L’ensemble des pistes de financements recensés par la CGT et une kyrielle d’économistes représente plusieurs dizaines de milliards par an. Il appartient au gouvernement de les étudier car tout n’est que choix politique : soit privilégier le monde de la finance, le capitalisme, soit répondre aux besoins essentiels du peuple.
À nous tous ici de lui faire entendre raison. Plus que jamais, l’heure est à l’extension et à la généralisation de la grève. Partout, les travailleurs doivent relever la tête et poser les outils. Comme nos camarades cheminots, en grève depuis 36 jours déjà, comme nos camarades raffineurs en grève reconductibles depuis la rentrée, comme nos camarades portuaires qui ont décidé d’engager dès aujourd’hui un arrêt total des ports de France, comme nos camarades de l’éducation, les électriciens, gaziers, hospitaliers massivement en grève aujourd’hui encore et comme beaucoup d’autres dans les entreprises et administrations ;
Il nous faut aussi convaincre un maximum de personnes, qui, même si elle ne sont pas en grève du fait de leur statut non-salarié, peuvent nous rejoindre dans les manifestations et actions comme le font déjà beaucoup nos camarades retraités et privés d’emploi qui sont mobilisés depuis le début car à la fois concernés et solidaires. Et partout, nous devons dire aux personnes qui nous soutiennent : votre soutien est précieux mais il ne suffira pas à faire plier le gouvernement, Rejoignez-nous !
C’est maintenant que ça se passe, Tous concernés, Tous en lutte jusqu’au retrait !