Une révolte sociale
La grande majorité de ces mouvements sociaux sont partis d’un détonateur en apparence anodin : augmentation du ticket de métro au Chili, taxe sur WhatsApp et Facebook au Liban – ce qui n’est pas sans rappeler l’étincelle de l’augmentation du prix de l’essence à l’origine de la mobilisation des « gilets jaunes » en France en novembre 2018.
Certaines mobilisations commencent à porter leurs fruits :
- Au Liban la contestation a entraîné le départ mardi 29 octobre du premier ministre Saad Hariri, sans apaiser le mouvement.
- En Argentine, les mobilisations massives à l’encontre des politiques de libéralisation de l’économie, de destruction massive des services publics et d’austérité menées par le président Macri ont poussé le gouvernement à déclarer l’état d’urgence alimentaire. Le premier tour des élections présidentielles le 27 octobre s’est traduit par la victoire du candidat péroniste de centre gauche. « Cette flambée des colères prend des formes très différentes.
- Au Chili, on observe un mouvement très populaire, qui se lève contre une augmentation injuste des frais de transport, c’est une question sociale qui est déclencheur.
- En Catalogne, c’est une décision de justice vécue comme injuste qui frappe des délits d’opinion politiques, des figures politiques ayant appelé à un référendum.
- En Russie, on observe une multiplication de luttes locales et de “zones à défendre” de type ZAD de Notre-Dame-des-Landes, sur fond de mobilisations citoyennes sociales et environnementales.
Et finalement, c’est peut être ça le point commun de tous ces mouvements, au delà du fait que certains posent ou non la question sociale, c’est l’aspiration à plus de démocratie », analyse un conseiller au secteur international de la CGT.
Au-delà des mouvements nationaux, le mouvement international de la jeunesse pour le climat interroge les responsabilité individuelle et collectives du réchauffement climatique, en l’articulant avec des revendications à plus de justice sociale.
Des manifestations réprimandées
Ces mouvements sont l’expression d’une démocratie directe qui reprend la rue et occupe l’espace public que les pouvoirs en place tentent de museler, allant parfois jusqu’à tuer des manifestants : c’est le cas au Chili, en Irak, Guinée-Conakry.
Cette démocratie directe remet en cause les représentations parlementaires, les dirigeants, les institutions.
En Catalogne, la tentation indépendantiste a pris les aspects d’une révolte contre le pouvoir central incarné par Madrid.
Comment déboucher sur une convergence des luttes et créer un rapport de force contre la marche libérale-autoritaire empruntée par de très nombreux gouvernements ?
C’est la question qui agite le mouvement syndical. « Ces mouvements doivent nous interroger en tant qu’organisation syndicale, dans une période où le syndicalisme fixe un agenda. Le cadre de la réforme des retraites nous permet d’envisager des voies de mobilisation pour prendre la suite des autres colères sociales qui ont pu s’exprimer depuis un an, et je pense à celle des “gilets jaunes” qui n’est d’ailleurs pas éteinte. », estime le conseiller au secteur international de la CGT.
Les mobilisations à venir et notamment celle du 5 décembre, seront à regarder de très près, pour voir comment la conjonction des colères peut créer un rapport de force suffisant pour faire plier le gouvernement, et ses derniers projets de réformes.
Comme l’annonçait l’ancien secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault : « La troisième guerre mondiale est sociale », et elle se traduit par une multiplication des fronts.