Jour noir que ce 1er novembre pour les nouveaux demandeurs d’emploi
Les principaux changements introduits par décret, qui devraient permettre de faire 3,4 milliards d’économies sur trois ans, tournent autour de trois axes.
D’abord, les conditions d’accès se durcissent : désormais, il faut avoir travaillé pendant six mois sur vingt-quatre (au lieu de quatre sur vingt-huit) pour pouvoir prétendre à une prestation. 32 % des personnes qui auraient ouvert un droit si les textes étaient restés inchangés (soit environ 832 000 demandeurs d’emploi) pourraient être touchées. C’est une réforme inique tournée contre les précaires.
Car le durcissement des règles va pénaliser en priorité ceux qui sont déjà les plus précaires et notamment les femmes, beaucoup plus nombreuses (56 %) que les hommes à cumuler leur chômage avec une activité réduite, c’est-à-dire à être répertoriées dans les catégories B et C de Pôle emploi… justement dans le viseur de la réforme du gouvernement.
Les chômeurs les moins bien formés, qui ne sont pas en adéquation avec les emplois que l’on crée, seront aussi les plus touchés. Pour eux, les quatre mois étaient déjà une addition de petits contrats courts, et désormais il leur en faudra encore plus pour boucher les trous.
Idem pour le rechargement des droits, à savoir la possibilité de prolonger le versement de son allocation en fonction des périodes retravaillées. Alors qu’il suffisait d’un mois d’activité pour recharger ses droits, les nouvelles conditions obligent à six mois travaillés.
L’Unedic, qui gère l’assurance chômage, estime que 710 000 personnes seront concernées par ce changement la première année, dont 200 000 qui auraient pu ouvrir des droits dans l’ancien système et ne le feront plus dans le nouveau, faute des six mois nécessaires.
Autre modification de taille : ceux qui percevaient de hautes rémunérations lorsqu’ils étaient en activité verront leur allocation baisser de 30 % à partir du septième mois. Une mesure qui va toucher essentiellement les seniors, entre 50 et 57 ans (âge à partir duquel la dégressivité ne s’appliquera plus) et qui ont déjà du mal à retrouver un emploi même s’ils sont très actifs dans leurs démarches.
Et ce ne n’est pas tout : à partir d’avril 2020, la formule de calcul pour déterminer les montants versés va être modifiée. L’indemnisation sera calculée à partir du revenu moyen mensuel, et non pas en se basant sur les seuls jours travaillés, comme jusqu’alors. Un changement qui touchera prioritairement les travailleurs précaires – et notamment les travailleuses – en emploi discontinu.
Ce nouveau mode de calcul aura aussi pour conséquence pour beaucoup soit de perdre leurs droits, soit de voir le montant ou la durée de leur allocation diminuer. L’Unedic table sur une perte comprise entre 6 % et 50 % de l’indemnisation pour les 850 000 personnes touchées la première année, soit environ quatre allocataires sur dix.
À partir du 1er novembre, les indépendants ayant travaillé au moins deux ans, avec un minimum de ressources et dont l’activité fait l’objet d’une liquidation judiciaire pourront bénéficier d’une allocation-chômage, et les salariés démissionnaires pourront bénéficier sous certaines conditions.
Idem pour les démissionnaires ayant travaillé cinq ans et pouvant justifier d’un projet documenté de reconversion ou de création d’entreprise. 60 000 personnes seront concernées chaque année.
Le gouvernement ne manque jamais d’idée quand il s’agit d’accabler les plus précaires d’entre-nous.