General electric a organisé un naufrage industriel. C’est la conclusion du rapport, rendu le 24 juin dernier, par le cabinet d’experts indépendant Secafi, mandaté par le comité social et économique (CSE) de General electric France pour étudier les comptes de l’entreprise.
Les experts soupçonnent le groupe américain d’avoir mis en place une stratégie financière afin d’affaiblir sa branche française, notamment à travers un système de transactions à l’intérieur même du groupe.
Une pratique appelée « prix de transfert » : « Lorsqu’il y a des prix de transfert au sein d’un groupe, la société tête de groupe peut décider unilatéralement d’enrichir ou d’appauvrir une des sociétés de son groupe… en modifiant le prix des échanges entre elle et ses filiales ou entre ses filiales. […]
Lorsque cela arrive, le transfert des bénéfices en dehors de France entraîne souvent des conséquences négatives sur les rémunérations des salariés français et sur la pérennité de leurs emplois », constatent les experts dans le rapport portant sur la branche française du géant américain, GEEPF (General electric energy products France).
La branche française doit aussi verser des royalties à la maison mère pour utiliser la technologie de turbines à gaz. Chaque fois qu’elle fabrique un engin, la filiale française doit rémunérer la société Gas turbine controls, propriétaire des brevets. Pour trois modèles fabriqués, « les turbines engendrent un paiement de royalties supérieur à leurs marges ».
La stratégie financière est une aberration à de nombreux niveaux.
Entre 2008 et 2018, le groupe General electric a consacré seulement 8 % de ses revenus en cash aux investissements, contre 21 % réservés à la rémunération des actionnaires.
« Depuis 2010, le groupe a remonté 1,3 milliard de dividendes, affaiblissant ainsi les capacités financières de l’entreprise. Le maintien dans l’entreprise d’une partie de ces réserves, issues de sa performance passée, lui aurait permis de faire face aux difficultés actuelles », estiment les experts.