La pression conjuguée des syndicats et de la population a fini par faire céder les pouvoirs publics : mardi soir, la préfecture de Seine-Maritime a publié la liste de produits partis en fumée, soit 5 253 tonnes de produits chimiques détruits, dont plus de 60 % d’« additifs multi-usages ». L’annonce a été accompagnée des 479 fiches de sécurité qui précisent les caractéristiques des produits et les risques associés, notamment en cas de combustion.
Les pouvoirs publics reconnaissent enfin la gravité de l’incendie
Quelques jours plus tôt, le préfet de région avait aussi dû reconnaître que des milliers de mètres carrés de toiture amiantés étaient partis en fumées.
Ces nouvelles informations seront-elles suffisantes pour calmer l’inquiétude des 2 000 manifestants descendus mardi dans la rue ? C’est peu probable…
Depuis le 26 septembre, le gouvernement n’a cessé de multiplier les déclarations contradictoires : quand le ministre de l’intérieur Christophe Castaner indiquait une absence de risques liés aux fumées, la ministre de la Santé Agnès Buzyn reconnaissait que la ville était « clairement polluée » et l’existence d’un risque sanitaire.
La préfecture interdit toujours les récoltes et consigne les produits récoltés, au nom de la sécurité alimentaire, mais rouvre les établissements scolaires, après nettoyage mais sans analyse préalable.
Lubrizol doit assumer ses responsabilités
La CGT exige, à la charge financière de Lubrizol :
- un nettoyage complet des zones polluées par des entreprises spécialisées, suivi d’analyses ;
- un recensement précis des travailleurs et de la population exposés ;
- la mise en place d’un suivi médical spécifique, comme après l’explosion d’AZF en 2001 ;
- un registre des cancers permettant de faire payer les responsables.
Au-delà des suivis médicaux, de la prise en charge financière de la dépollution, des résultats d’analyses, la multinationale Lubrizol et son actionnaire Warren Buffet, 3e milliardaire au monde, doivent assumer financièrement l’ensemble de coûts sociaux liés à l’incendie. Tout comme ils doivent prendre totalement en charge l’indemnisation des salariés qui se sont retrouvés en chômage partiel.
La CGT demande la requalification des arrêts maladies en accident du travail à la charge de Lubrizol.
L’État, au plus haut niveau, est aussi responsable : l’entreprise n’a en effet pas été poursuivie pour mise en danger d’autrui en 2013 alors que plusieurs infractions étaient caractérisées – notamment la non-consignation d’une installation électrique.
Chacun doit maintenant prendre ses responsabilités et répondre de ses actes et manquements.