Mardi 10 septembre, la sous-préfecture de Saint Nazaire présentait les résultats de deux études diligentées par l’Agence Régionale de Santé et l’Observatoire Régional de Santé sur le mauvais état sanitaire des habitants du bassin nazairien (périmètre de la Carène). Des élus locaux, des médecins, des entreprises, des associations de riverains étaient invitées. La CGT à sa propre demande a sollicité la sous-préfecture pour participer à cette réunion car les seuls « représentants » des salariés conviés étaient leurs employeurs !
Partant du constat que la population de la Carène n’a pas bénéficié des mêmes fruits du progrès concernant le recul de la mortalité dans notre pays (France : -19%, Carène : -11%) quelques analyses ont été réalisées :
- • 40% des cancers seraient évitables et ont pour origine le « mauvais comportement » des malades (tabac, alcool, alimentation, exercices physiques…) ;
- • La qualité de l’air s’améliore sur le bassin ;
- • Les relevés des rejets industriels montrent qu’aucun site ne présente de risque sanitaire particulier vis-à-vis des populations riveraines.
Les directions des entreprises présentes ont joué profil bas et se sont bien gardé d’apporter leurs commentaires, puisque la DREAL était présente pour garantir leur respect de l’environnement.
Hormis annoncer que tout était mis en œuvre en terme de prévention pour responsabiliser (ou culpabiliser ?) les fumeurs, buveurs ou autres victimes de la malbouffe, on suppose que les 60% restants des cas seraient ainsi dû à la fatalité.
Aux aveux des services de l’état, qui naviguent à vue, cela nécessiterait un délai d’étude supplémentaire pour observer et évaluer cette surmortalité sachant que le bilan d’aujourd’hui ne sera traduisible que dans 20 ou 30 ans.
Pour la CGT il faut définir les causes initiales de ces addictions propices aux maladies. Le tissu social, les conditions de vie et de travail, le chômage sont autant de facteurs influant sur le tabagisme, la consommation d’alcool ou de produits stupéfiants.
Tout comme l’a démontré l’affaire de l’amiante, il y a aussi d’autres facteurs responsables à cette surmortalité et notamment aux cas de cancers. Des facteurs tels que les fumées, les poussières, les solvants, vapeurs et autres matières agressives, les herbicides, insecticides et autres fongicides, les nouveaux matériaux utilisés (composites), les particules fines et nanoparticules, les goudrons, le stress… Les pollutions des entreprises ne s’arrêtent pas à la limite des entreprises impactant les salariés mais se dispersent dans les villes et affectent les populations.
La prévention à l’entreprise passe par le dépistage mais les médecins du travail ont-ils l’entière indépendance, le temps et les moyens pour remplir leur mission de prévention et exercer leur métier ? Peut-on parler de prévention et dépistage quand sont réduites les visites systématiques des personnels exposés et que les Comités d’Hygiène, de Sécurité et de Conditions de Travail sont supprimés suite à la mise en place des Comités Sociaux et Économiques ? Le recours à l’intérim, à la sous-traitance ou au travail détaché ne sont pas favorables à un suivi régulier de la médecine du travail et à l’application de mesures de prévention égales parmi tous les salariés.
Ce que constate la CGT, c’est qu’il n’y a pas de recherches sur la toxicité des produits nouveaux utilisés, sur les conditions de travail. Les statistiques actuelles devraient conduire à une véritable politique de prévention et de dépistage, comme le préconise le Conseil Économique Social et Environnemental qui en a fait une priorité.
Il suffit des discours moralisateurs ! La CGT revendique une politique renforçant la protection sociale des plus précaires et des plus fragiles s’appuyant sur un système de santé répondant aux besoins de la population et non à une logique de maîtrise des coûts et avec de réels moyens attribués à la prévention. En parallèle, l’exercice de la démocratie au sein de l’entreprise par une représentation du personnel aux prérogatives étendues en termes d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail, appuyée par une médecine du travail indépendante et renforcée sont des facteurs essentiels pour augmenter l’espérance de vie sans incapacité des travailleurs.
C’est pour cela que la CGT poursuivra son action sur la santé au travail dans toutes les entreprises et lieux de travail y compris administratifs.