Diviser pour mieux engranger des milliards d’euros en privatisant toujours plus une activité essentielle au pays, c’est l’esprit du projet « Hercule », annoncé le 20 juin par le PDG Jean-Bernard Levy.
Il s’agit d’une opération hautement financière : l’idée est d’isoler la partie risquée, c’est-à-dire le nucléaire, du reste des activités d’EDF, pour ouvrir le capital des activités les moins risquées aux investisseurs.
« Aujourd’hui tous les financiers se mettent sur les énergies nouvelles car elles bénéficient de contrats subventionnés sur des dizaines d’années, où le prix est garanti », explique Jean-Paul Rignac, administrateur d’EDF représentant les salariés (CGT).
EDF sera donc divisé en deux entités : « EDF Bleu », qui regroupera la production pilotable d’électricité (nucléaire, hydraulique…) et « EDF Vert », qui regroupera les activités les plus rémunératrices, à savoir Enedis, EDF renouvelables, la direction commerce d’EDF… qui seront privatisées à hauteur de 35 %.
Aucune logique industrielle dans ce découpage qui éradiquerait toute synergie entre ces deux entreprises, mais bien une logique financière : diviser pour mieux engranger des milliards d’euros en privatisant toujours plus une activité essentielle au pays et remplir les poches de l’État à très court terme, en oubliant totalement le rendement à moyen et long terme.
Si ce projet venait à aboutir, c’en serait fini de la mutualisation des risques de l’entreprise intégrée EDF : une privatisation des profits et une socialisation des risques. Il est alors facile d’imaginer que, dans un futur proche, la part initiale de l’État dans chacune de ces deux entités diminuerait pour se réduire à peau de chagrin.
Pour les salariés, le projet « Hercule » met en danger leurs emplois, menacés par l’externalisation de certaines activités, et le statut des IEG (industries électriques gazières).
Le statut des IEG est le ciment des garanties collectives des salariés et les protège du dumping social – qui se profile avec la libéralisation du marché de l’énergie. « C’est exactement ce que fait Engie aujourd’hui, il sous-traite tous les services qui étaient en interne, parfois en France ou en Afrique du Nord. C’est par exemple le cas pour la relation client. Ce dumping social va toucher l’ensemble d’EDF », analyse Jean-Paul Rignac.
L’avenir des fonctions centrales, support et appui, recherche, entre autres, reste encore incertain : tout dépendra du schéma retenu.
Les salariés et une partie importante du management souhaitent un autre avenir pour EDF que celui tracé par « Hercule ». Ils exprimeront lors de la journée intersyndicale ce jeudi 19 septembre.
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