CE1 à 12 élèves : ça coince en Seine-Saint-Denis

Le 29 août 2019 à 20h05
Le parisien

Seuls 80 % des CE1 situés en Réseau d’éducation prioritaire seront dédoublés à la rentrée dans le cadre de la réforme de Jean-Michel Blanquer. L’Education nationale pointe un manque de locaux.

Ce devait être la dernière étape d’une des réformes les plus emblématiques du gouvernement. En 2017, le ministre de l’Education nationale lançait ses fameuses classes de CP à 12 élèves en REP +.Une mesure étendue l’an passé aux CE1 en REP + et aux CP en REP, qui devait prendre son rythme de croisière cette année en étant déployée aux CE1 de REP.

Mais ce sera le cas partout… sauf en Seine-Saint-Denis. Un nouveau raté alors qu’un rapport parlementaire dénonçait justement en mai 2018 les manquements de l’Etat en matière d’éducation dans le département.

Les locaux posent problème

La mesure ne sera en fait effective que dans 80 % des CE1 de REP. Si le dispositif devrait ainsi être pleinement opérationnel à Aulnay, Stains, Romainville ou Épinay, ce ne sera pas le cas à Aubervilliers, Saint-Denis ou Montreuil. « L’éducation nationale n’a étendu ce dispositif que dans les écoles où les locaux étaient disponibles. Ce qui est très marginal », précise la mairie (PCF) de Montreuil.

L’an passé, la direction académique avait pourtant plébiscité le coenseignement – deux profs pour 24 élèves – dans les établissements qui n’avaient pas assez de salles de classe disponibles, mais cette idée n’a plus vraiment la cote en cette rentrée.

« Il y a des écoles où cela n’a pas marché, reconnaît Daniel Auverlot, le recteur de l’académie de Créteil. Les locaux n’étaient pas du tout adaptés, c’était la cacophonie. Cela devenait contre-productif, donc ce ne sera plus la solution privilégiée partout. »

Tout sera prêt… à la rentrée 2020 d’après l’académie

Si la direction académique affirme que l’Etat a mis en place une enveloppe budgétaire à destination des communes qui souhaitent réaliser des travaux pour créer de nouvelles salles de classe, sur le terrain la situation semble compliquée.

« Chez nous, la réforme va bien être étendue, mais cela ne tient qu’à l’investissement de la ville tant en termes financier que logistique », souligne la mairie de Bobigny (UDI) qui a notamment réaménagé des salles d’activités et un préau pour dégager de la place.

Mais dans de nombreuses écoles du département, il n’y a tout simplement plus d’espaces disponibles. Malgré cela, la direction académique assure tout de même que la réforme sera pleinement effective à la rentrée 2020.

« Le gouvernement ne se donne pas les moyens de ses ambitions »

Plusieurs villes pointent de toute façon le manque de moyens humains dédiés par l’Education nationale. « Le dédoublement des classes ou le coenseignement pour les CE1 en REP ne pourra être réalisé complètement faute d’enseignants, regrette la mairie de Pantin (PS). On pourrait en conclure que le gouvernement ne se donne pas les moyens de ses ambitions, alors que ceux qui en pâtissent étaient pourtant désignés comme prioritaires. »

Une critique martelée depuis de nombreux mois par les parents d’élèves et les syndicats d’enseignants du 1er degré. « Cette année, nous avons 282 postes en plus. Cela ne répond même pas aux besoins humains que demande l’étendue de cette réforme, rappelle Caroline Marchand, co-secrétaire départementale du SNUipp-FSU. Le gouvernement annonce des choses, mais sur le terrain, cela ne suit pas. »

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