Les chiffres attendus avec émoi par tous les actionnaires et autres inconditionnels du CAC 40 ont été à la hauteur des attentes des grandes fortunes.
Pour l’exercice 2018, ce ne sont pas moins de 51 milliards qui ont été distribués aux actionnaires du CAC 40 soit près de 10% de plus qu’en 2017. Dans le détail, 28 entreprises ont décidé d’augmenter les dividendes versés, 8 entreprises offrent même à leurs actionnaires une croissance à deux chiffres.
Pourquoi gâcher le plaisir des actionnaires ? Ces résultats record ne devraient-ils pas être une bonne nouvelle, un indice du renouveau industriel français ? Pas vraiment.
Alors qu’entre 2010 et 2017 les dividendes du CAC 40 ont augmenté de 44%, sur la même période les impôts versés ont baissé de 6,4% sans compter le manque à gagner en cotisations sociales de la suppression de 20% des effectifs en France.
L’impact sur l’emploi de ces 20% d’effectifs supprimés est colossal, cela représente plusieurs centaines de milliers d’emploi. Les effectifs mondiaux ont-eux augmenté de 2,5% entre 2010 et 2017, le problème n’est donc pas la fin du travail mais sa délocalisation dans des pays où la protection des salariés est réduite à son minimum. Lorsqu’il faut arbitrer entre protection sociale des travailleurs et dividendes, le choix semble plutôt aisé…
Autre indicateur qui vient fortement noircir le tableau, l’augmentation du chiffre d’affaires, +10% en moyenne sur 7 ans, pas vraiment transcendant… Alors comment cette explosion des dividendes est-elle possible ? C’est qu’en réalité les actionnaires sont les premiers servis, souvent au détriment de l’intérêt de l’entreprise. Par exemple, alors que le résultat net de Vivendi a fondu de 89,7%, les dividendes ont augmenté de 11% par rapport à 2018. L’objectif est de rassurer les potentiels investisseurs que leurs intérêts seront toujours protégés, peu importe la santé de l’entreprise. La justification des dividendes par la prise de risque des investisseurs s’écroule totalement.
Chez ENGIE comme chez Orange, plus de 100% du résultat net est distribué en dividendes, et si c’est pour ENGIE un bel argument en vue de la privatisation annoncée, on peut toutefois se poser de vives questions sur la capacité d’investissement de ces entreprises une fois l’appétit des actionnaires satisfait.
Ce nouveau record de distribution de dividendes pose donc un problème majeur de partage des richesses. La croissance infernale de ces dividendes est en totale déconnexion avec la réalité économique que subissent une majorité de français. Si Macron veut réellement que le travail paie, il doit comprendre que cela ne pourra se faire sans toucher aux revenus indécents du capital.
(Source : Attac France, Observatoire des multinationales)