Les enseignant·e·s ne sont pas dupe. Mobilisé·e·s pour obtenir l’abandon du projet de loi Blanquer, ou « École de la confiance », ces derniers dénoncent la politique éducative rétrograde et libérale du gouvernement.
Une dérive autoritaire annoncée
L’article 1 du projet de loi Blanquer, ou loi « pour une école de la confiance » annonce l’avènement d’une dérive autoritaire. À travers le principe « du devoir d’exemplarité », le ministère souhaite restreindre la liberté d’expression des personnels, dont la parole commençait à se libérer, comme en témoigne le mouvement des « stylos rouges » ou du hashtag #PasDeVague qui ont émergé fin 2018. Ainsi, toute critique portée par un·e enseignant·e sur l’institution pourrait être légalement sanctionnée par une révocation. Le but est de généraliser le devoir de réserve qui concerne aujourd’hui les seuls cadres du système éducatif ou des cas bien particuliers.
Des cadeaux au privé
Ce devoir d’obéissance proscrivant toute voix dissonante, s’accompagne également, bizarrement, de cadeaux au privé. En l’espèce, les articles 2 à 4, qui prévoient l’abaissement de l’âge de la scolarité obligatoire à 3 ans, est un énorme cadeau fait à l’enseignement privé. Dorénavant, les collectivités locales (donc les mairies) devront également financer les maternelles privées, pour un montant évalué à 150 millions d’euros : autant d’argent en moins pour le service public.
De la mutualisation aux suppressions de postes
Dans son article 6, la loi Blanquer ouvre désormais la possibilité de créer des établissements publics locaux d’enseignements des savoirs fondamentaux (EPSF). Regroupant écoles et collège dans un même bassin de vie, cet article sonnera le glas de l’école primaire et son rattachement direct à la scolarité du second degré. Pour la CGT, les EPSF vont permettre d’atteindre rapidement 3 objectifs : réaliser de grosses économies d’échelle à travers la mutualisation des moyens matériels et humains, territorialiser complètement l’Ecole et la quasi-totalité de la scolarité obligatoire (en transférant les prérogatives aux collectivités), mais aussi la mise au pas complète des personnels enseignants en les soumettant à une autorité renforcée des personnels de direction.
Un métier précarisé
Également au programme, comme le prévoit les articles 10 à 13, le remplacement des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) par les instituts nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Education (INSPE), dont les directions seront nommées par le ministère. Désormais, les étudiant·e·s assistant·e·s d’éducation pourront intervenir en classe et seront utilisé·e·s comme moyens d’enseignement à partir de la première année de master. Alors qu’il existe déjà un manque de formation des enseignant·e·s avant leur prise de poste, cette loi est un véritable outil de précarisation de l’emploi, où l’État s’assure une réserve de personnels à bas coût qu’il pourra utiliser en fonction des besoins.
Ainsi, les organisations syndicales SNUipp-FSU, SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNEP-FSU, FNEC-FP-FO, CGT Éduc’action et Sud Éducation appellent à des manifestations sur tout le territoire samedi 30 mars et à une journée de grève nationale jeudi 4 avril afin d’obtenir l’abandon du projet de loi