En mars 2018, soudainement licenciés, quinze travailleurs sans-papiers saisissent la CGT 93, puis l’inspection du travail qui, après une enquête approfondie, aboutira à ce que cette dernière saisisse, le 28 février 2019, le procureur de la République pour des infractions relevant de l’article 40 du code Pénal : mise en danger de la vie d’autrui, traite des êtres humains, soumission de personnes vulnérables et dépendantes à des conditions de travail indignes.
Menaces de mort et insultes racistes
Non content de la saisine de l’inspection du travail, leur employeur s’emploi alors à menacer de mort et à proférer des insultes racistes à l’encontre de ses ex-salariés, comme en témoigne les enregistrements de diverses conversations téléphoniques : « Espèce d’enculé de noir, je vais te défoncer ta gueule, t’as porté plainte contre moi alors tu sais quoi, le bon Dieu il va te prendre et il va te donner le cancer, tu vas mourir, le cancer va te manger toi et toute ta famille, écoute-moi bien, je jette un sort contre toi et toute ta famille, espèce de pute de noir ».
Face à cette situation, Jean-Albert Guidou, secrétaire général de l’union locale CGT de Bobigny a demandé au Préfet de Seine-Saint-Denis « de placer ces personnes sous protection de l’État et de leur accorder leur régularisation pour qu’ils puissent témoigner en tant que victimes et en tant que lanceurs d’alerte sur leurs conditions d’exploitation ».
Un système bien rôdé d’exploitation des travailleurs vulnérables qui recrutait dans les foyers de migrants
C’est par le biais de l’agence d’intérim RSI que Bruno Gapaix, patron de l’entreprise, s’approvisionnait régulièrement en travailleurs bien ciblés : des sans-papiers, sans droits et donc vulnérables et corvéables à merci sur ses chantiers de désamiantage. Pendant neuf ans, Djibril, directement recruté au sein d’un foyer pour travailleurs migrants, a ainsi enchaîné les missions d’intérim sur ces chantiers, sans protections adéquates, sans formation, sans aucun suivi médical.
Lundi 18 mars, à Bobigny, une quinzaine de travailleurs sans-papiers ont envahi les bureaux du siège de l’entreprise Pinault-Gapaix, spécialiste en démolition et désamiantage. Accompagnés par divers responsables de la CGT de l’Interim, de la construction et de l’UD du 93, ces derniers ont investi les locaux de leur ex-employeur, Bruno Gapaix, afin d’exiger le respect de leurs droits, notamment le suivi medico-légal dont ils n’ont jamais bénéficié pendant toutes les années de leur exploitation illégale et mortifère sur des chantiers de désamiantage et de déplombage.
Vous pouvez retrouver l’article dans son intégralité sur NVO.fr