Combien faudra-t-il d’éborgnés avant qu’on se décide à interdire les lanceurs de balle de défense ?
La décision est tombée : le Conseil d’Etat a refusé de faire droit aux demandes de la Confédération Générale du Travail, de l’Union Départementale CGT de Paris, de la Ligue des Droits de l’Homme, de Solidaires, du Syndicat des Avocats de France et du Syndicat de la Magistrature. Les forces de l’ordre pourront donc tranquillement continuer d’utiliser les lanceurs de balles de défense (LBD) pendant les manifestations… pardon… pendant les « émeutes urbaines », ainsi que le ministère de l’Intérieur a qualifié nos manifestations citoyennes !
Il a été suivi en cela par le Conseil d’État qui ne trouve pas manifestement disproportionné de perdre un œil alors qu’on se rend à une manifestation !
L’utilisation notamment des LBD, lors de manifestations, blesse de manière irréversible, mutile et dissuade de fait toutes celles et tous ceux qui veulent exercer leur droit de manifester en toute sérénité.
Le maintien de l’ordre doit être « pacifique », comme préconisé par le Défenseur des droits – qui est intervenu au Conseil d’État pour nous soutenir – et basé essentiellement sur le maintien à distance des manifestant-es et l’emploi de la force en ultime recours.
Au contraire, depuis 2016, un tournant a été pris : nasses, usage injustifié d’armes, abus de pouvoir, violences à l’encontre de personnes vulnérables, etc. Cette nouvelle doctrine génère de la violence qui, avec un traitement médiatique spectaculaire, stigmatise les manifestant-es et amalgame la liberté de contester avec des troubles à l’ordre public. Ainsi, la violence de quelques-uns tend à disqualifier tout un mouvement parfaitement légitime dans une démocratie.
Cette doctrine choque, jusqu’à l’étranger : la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe s’est dit « gravement préoccupée » par la gravité des blessures provoquées, notamment, par les LBD dont nous sommes les seuls à faire usage en manifestation.
Nous n’en resterons pas là et nous examinerons attentivement la suite qu’il pourra être donné à cette décision inique. Nous appelons chacune et chacun à venir manifester le 2 février pour un fonctionnement efficace des institutions judiciaires et pénales et le 5 février pour défendre, de manière démocratique et parfaitement légitime, nos revendications et nos droits à une Justice sociale et fiscale !
Montreuil, le 1er février 2019