Alors que l’on dénombre 300 cas de violences policières et 2 000 blessés depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », le sociologue Fabien Jobard souligne « le niveau de violence très élevé » de la force publique et du pouvoir. En l’espèce, « le nombre de mutilés et de blessés chez les manifestants est plus important qu’en 1968 » alors que la police d’aujourd’hui est suréquipée.
Fabien Jobard s’accorde également avec la CGT et la Ligue des droits de l’homme dans leur recours pour interdire les lanceurs de balle de défense (LBD). Selon lui, le Flash-Ball est contestable en matière de maintien de l’ordre, tant « il inflige des blessures graves et irréversibles ». D’ailleurs, cette arme a longtemps été refusée par les CRS et les gendarmes mobiles qui la jugeaient contraire à la doctrine du maintien de l’ordre, avant que la loi Sarkozy de 2002 pour la sécurité intérieure n’encourage son usage.
Sur le projet de loi anticasseurs, qui prévoit notamment la création d’un fichier des personnes interdites de manifester, sur le modèle des interdits de stade, le sociologue argue qu’il s’agit « d’une démarche sécuritaire incertaine ». Le fichier, constitué à partir de renseignements policiers, se fera sans qu’une autorité judiciaire indépendante n’ait prononcé une culpabilité après examens contradictoire des faits. D’une part, manifester est une liberté constitutionnelle, contrairement au fait d’assister à un match de foot. D’autre part, l’arsenal sécuritaire pour sanctionner les attroupements est déjà très suffisant.
Face à l’absence de réponse sociale qui donne souvent l’impression que les peuples n’obtiennent rien sans violence, Fabien Jobard souligne que « la contradiction entre une parole facilitée à grande échelle par les réseaux sociaux d’un côté, la rigidité du système électoral hyper sélectif et la verticalité du régime présidentielle », éclate bien souvent en confrontation violente.
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