Un rassemblement unitaire est organisé jeudi 5 juillet, de 17 h à 19 h, devant la Préfecture de Nantes pour exiger l’ouverture de discussions et la recherche de solutions pour mettre fin à la situation inhumaine qui est faite à des centaines de migrants dans notre département.
Voici la lettre adressée à la Préfète :
Madame la Préfète,
Vous avez estimé le jeudi 28 juin que l’annonce de la députée LRem Valérie Oppelt d’organiser le 14 septembre, une table ronde sur la situation des migrants était une « initiative positive » (OF et PO du 30 juin).
Ceci, alors que le jour même les bénévoles des accueils de jour pour les personnes sans abri manifestaient devant la préfecture pour dénoncer la situation faite aux personnes les plus vulnérables, et que depuis des mois, les associations, collectifs, organisations syndicales attirent votre attention sur la dégradation de la situation humanitaire à Nantes et vous demandent de coordonner une réflexion commune pour identifier et mettre en place des solutions à partir d’une table ronde. C’est le rôle de l’État.
Non Mme la préfète, nous n’attendrons pas le 14 septembre !
Il y a urgence, cette table ronde doit avoir lieu avant !
Nous serons le jeudi 5 juillet à partir de 17h devant la préfecture pour vous demander une date de rendez-vous, et nous y serons aussi souvent que nécessaire, pour vous rencontrer, pour exiger tout simplement que soient respectés les droits et la dignité des personnes comme la loi le prévoit dans les articles :
- – article L.345-2-2 du Code de l’Action Sociale et des Familles : « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation » ;
- – article 25 de la déclaration universelle des droits de l’Homme : « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires … ».
A cette occasion, nous invitons la population à un rassemblement de solidarité en apportant des denrées alimentaires non périssables (de préférence produits secs : riz et conserves de légumes et poissons) qui serviront à préparer des repas pour les personnes à la rue.
Jeudi 5 juillet de 17h à 19h devant la préfecture
Par ce geste de solidarité, les citoyennes et citoyens de Nantes Métropole pourront : Soutenir concrètement les personnes en difficulté, Exprimer leur désaccord, Rencontrer les collectifs et associations pour plus d’informations et autres propositions de soutien
Dans l’attente d’une date de table ronde le plus tôt possible, nous vous prions de croire, Madame la Préfète, en l’assurance de nos respectueuses salutations.
Vous comprendrez qu’au regard de la gravité de la situation, nous rendions publique cette lettre.
Nantes, le 2 juillet 2018
Collectif pour la création de maisons d’accueil pour tous, Collectif des hébergeurs solidaires Nantes et alentours, Collectif urgence jeunes 44, Collectif des sans-papiers, Collectif soutien migrants Nantes, ASAMLA, ATD Quart Monde, CIMADE, CSF, DAL, EMMAUS Nantes, GASPROM, GREF, LDH, LOGIS SAINT JEAN, MRAP, MEDECINS DU MONDE, RESF,
L’intersyndicale 44 (CFDT-CGT-FSU-UNSA et Solidaires)
POLITIQUE MIGRATOIRE
La CGT dénonce un compromis indigne !
Les conclusions du sommet européen du 28 et 29 juin sur « les questions migratoires » accouchent d’un compromis politiquement explosif ou les gouvernements d’extrême-droite sortent vainqueurs.
C’est bel et bien le renforcement de l’Europe forteresse qui est réaffirmé : augmentation des moyens à Frontex et soutien aux gardes côtes libyens.
La mise en place de « centres contrôlés », euphémisme technocratique pour désigner des camps installés dans les ports de débarquement pour effectuer le tri entre bons et mauvais migrants dépendra des pays d’entrée. Dès vendredi le ministre de l’intérieur italien a annoncé la fermeture des ports italiens, prélude à de nouveaux et terribles périples comme celui de l’Aquarius.
Quant aux migrants éligibles à l’asile, ils pourraient être répartis dans d’autre pays européens à condition que ces derniers soient volontaires.
L’accord prévoit aussi des « plates formes de débarquement ». Derrière ce langage, qui pourrait être issu de la logistique, se cachent des camps hors UE, financés par l’Europe et qui sont contraire au droit international.
Ainsi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a estimé vendredi que les centres pour migrants devaient être en Europe et a exprimé son inquiétude « insurmontable » quant à d’éventuelles « plateformes » en Libye du fait de l’insécurité et des mauvais traitements qui y règnent.
Maroc, Tunisie et Albanie, envisagés par l’Union européenne pour installer ces camps ont d’ores et déjà refusé.
Ce compromis dont se félicite Macron est un message d’inhumanité dont la seule devise serait « unis pour fermer ».
Ce « compromis » ne règle rien tant sur les causes de la migration que sur l’accueil au sein de l’UE, puisque les accords de Dublin sont renvoyés à une date ultérieure.
Face à ce compromis honteux, la CGT défendra les valeurs d’accueil et de solidarité avec l’ensemble des forces qui luttent en France et en Europe.
Montreuil, le 2 juillet 2018