Une étude émanant de trois (sérieuses) universités britanniques qui l’affirme : en Angleterre, les coupes budgétaires dans la santé et le social auraient causé quelque 120 000 morts entre 2010 et 2017.
« Il n’est pas exagéré de parler de crime économique », affirme Lawrence King, professeur à Cambridge.
Pour arriver à cette estimation, les chercheurs ont mis en regard le nombre de morts annuelles et le montant des dépenses publiques.
Ils rapportent que de 2001 à 2010, les décès ont baissé en moyenne de 0,77 % par an. Mais à partir de 2010, de sévères contraintes financières ont affecté le système de santé et de protection sociale.
Résultat : de 2011 à 2014, le nombre de morts a augmenté en moyenne de 0,87 % chaque année…
C’est en calculant la différence entre le nombre de morts réelles et celui que laissaient augurer les tendances 2001 – 2010 que les scientifiques sont arrivés à ce résultat. Ils précisent que la surmortalité a principalement touché les personnes âgées et les résidences médicalisées (« care home »).
Le lien entre les décès supplémentaires et les coupes budgétaires « pourraient notamment tenir à l’évolution du nombre d’infirmiers ».
Cette brève est repompée sans vergogne sur l’excellent journal marseillais de critique sociale CQFD, en lutte pour sa survie
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Et en France me direz vous ?
Faute d’avoir à disposition des études universitaires se penchant sur les conséquences sanitaires de l’Hôstérité, le constat sera plus empirique.
La France est sans nul doute un petit poil « en retard » sur le modèle anglo saxon (GB et USA), mais nous tendons à le rejoindre de plan d’économie en plan d’économie.
Au nom d’un déficit de la Sécu très relatif, et dont les causes sont le chômage de masse et la baisse des cotisations employeurs, l’État par le biais de ses bras armés, l’ARS (Agence Régionale de Santé) ferme d’année en année le robinet financier.
Les grands génies de la gestion financière ont opté pour baisser progressivement « l’offre de soins » pour faire des « économies » en diminuant l’activité. Calcul cynique s’il en est, si les gens n’ont plus accès facilement aux structures de soins, ils s’en passeront… ce qui fera des économies.
Calcul à court terme s’il en est car extrêmement dangereux s’il survient un épisode « exceptionnel ». Ainsi, une simple épidémie de grippe un peu forte a failli faire imploser le système de soins l’an passé !
Cela se traduit par moins de soignant.es (les services tournent aujourd’hui à effectif moins 2, soit en dessous des normes de sécurité !), réduction du nombre de lits d’hospitalisation (et basculement sur l’ambulatoire qui ne peut pas tout résoudre), fermetures des petites structures hospitalières, déserts médicaux,…
Comment donc imaginer que tout ceci n’ait pas un impact sanitaire fort sur la population ? Les mêmes causes ayant fâcheusement tendance à reproduire les mêmes effets.
En 2017, c’est la première année que l’on constate que dans le privé, le niveau d’activité diminue, et que dans le public, il stagne ! Les délais se rallongent, cela dissuade ou empêche le recours au soin, même pour des pathologies graves (comme cardiaque !).
Le même choix a été fait sur la formation et le recrutement des soignants. Aujourd’hui, il manque des généralistes, des anesthésistes, des chirurgiens…
Pour la première fois, au CHU de Nantes, 2 pontes de chirurgie sont venus voir la CGT, car la direction les empêche de travailler en ne leur donnant pas les moyens nécessaires.
Il y a des morts, des AVC, des infarctus parce que tous les patient.es ne peuvent être opéré.es à temps !
Qui chiffrera les dégâts humains ? C’est la seule question qui reste à poser…
UD44