Depuis bientôt 3 semaines, les nantais constatent des phénomènes curieux, assez aléatoires suivant les lieux et les heures.
Des sacs de déchets se posent sur les trottoirs. Des empilements de sacs, noirs, bleus, jaunes, savamment agencés, bravent les lois de l’équilibre, soutenus dans leur pyramide par des tuyaux de gouttières, des murs, qui leur prêtent gentiment leur aide. Les couvercles des bacs à ordures baillent à qui mieux mieux. Des cartons, d’habitude plutôt discrets, se pavanent et s’étalent de tout leur long, profitant de la liberté offerte. Des bennes, disparues depuis longtemps dès 11h du matin, ont fait leur réapparition, suivi par leurs accompagnateurs, hommes ou femmes, en bleu/jaune eux aussi.
Pourquoi de tels phénomènes ?
Cela fait suite à une décision de l’administration de changer l’organisation de la collecte et de supprimer 24 postes, le tout sans négociation aucune. Cette réorganisation s’appuie sur un morceau de la réglementation nationale, dite R437*.
Exit le « fini-parti ». Cette méthode, en place dès les années trente dans beaucoup de communes, consistait à effectuer les circuits de collecte le plus rapidement possible. Les agents finissaient alors leur journée de travail dès leurs circuits terminés. D’où l’expression « fini-parti ».
- Côté positif : les déchets sont rapidement ramassés et ne traînent pas dans les rues, les bennes ne gênent pas la circulation. Cela arrangeait tout le monde : habitants, personnels, mairie, commerçants surtout du centre ville.
- Côté négatif : la fatigue et l’usure prématurées des agents et les risques pris. Beaucoup se retrouvent inaptes à leur poste de travail à 50ans.
La fin du « fini-parti », annoncée brutalement, ne pose pas de problème en soi mais quelle organisation met-on en place et avec quels moyens ? Comment redéfinit-on les circuits ? Comment prend-on en compte l’augmentation du nombre d’habitants, l’afflux des touristes ? C’est pas tout de faire de Nantes une ville touristique, encore faut-il que les infrastructures suivent, et le ramassage des déchets en font partie.
La suppression du fini-parti est une des recommandations de la Cnam, parmi beaucoup d’autres notamment :
- pas de collecte des côtés de la rue dans les rues à double sens (dite collecte bilatérale, sauf exception)
- pas de ramassage des sacs posés à même le sol
- pas de collecte des bacs dont le couvercle n’est pas fermé (en général parce qu’il est trop rempli)
- pas de prise de deux bacs à la fois
- marcher, ne pas courir
- surveillance du contenu des bacs jaunes : pas de prise si déchets non autorisés présents dans le bac
Les agents sont d’accord pour arrêter le fini-parti mais pas dans n’importe quelles conditions. Faute d’écoute de notre administration, ils ont décidé de respecter les recommandations prévues. Résultat : le temps de collecte des circuits s’est nettement rallongé et beaucoup de déchets ne sont pas ramassés car ils ne sont pas déposés correctement par les habitants. Habitants qui ne connaissent que rarement les consignes. Trier n’est pas si simple, les consignes étant différentes d’une commune à l’autre. Pourquoi notre administration a-t-elle supprimé les ambasseurs de tri, pourtant très appréciés des habitants ?
Et comment annoncer la suppression de 24 postes quand on sait qu’il y a déjà une trentaine d’auxiliaires en permanence à la collecte ? La CGT réclame de longue date leur titularisation, pas leur suppression.
Cette volonté, systématique,de supprimer des postes, que ce soit sur des services rendus directement à la population ou pour des travaux internes à Nantes métropole, n’est pas spécifique à la collecte des déchets. Toutes les directions en font les frais, y compris dans des domaines vantés par nos élus (au moins dans les journaux !) . Le numérique en est un bel exemple : d’un côté une communication et de l’argent (2,3 millions* d’euros) pour le numérique pour une boîte externe, de l’autre 4 suppressions de postes annoncées au DRN (Département des ressources numériques) , alors que les projets comme l’Open data, la Smart City ont des impacts internes.
Vous avez dit « service public » ?
* R437 : http://www.ameli.fr/employeurs/prevention/recherche-de-recommandations/pdf/R437.pdf
*2,3 millions d’euros TTC sur 4 ans : pour un marché de comm sur les sites internet de NM et la ville de Nantes et surtout pour surveiller les réseaux sociaux et contrer les critiques éventuelles sur la ville. C’est-à-dire 500 000euros par an et pas 50 000euros comme l’a annoncé PresseOcéan.
Billet repris sur http://www.cgtnantesmetropole.fr/
Les revendications des salariés
Devant l’absence de dialogue avec la direction, les salariés ont durci le ton depuis vendredi en bloquant les 3 dépôts. La situation sanitaire risque de se dégrader rapidement si les élu-es ne viennent pas négocier !
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