Communiqué de l’UD CGT 44 suite à la manif contre le FN du 25/02
dimanche 26 février 2017Communiqué de presse
Nous avons compté près de 4000 manifestants. Et non 2200 comme le minore encore une fois la préfecture.
Outre ce rassemblement la volonté du collectif est de montrer aux salariés –citoyens l’imposture du FN en matière sociale et du vivre ensemble. Nous espérons que la presse participera à ce travail de déchiffrage du programme de ce parti qui reste raciste, xénophobe et sexiste, qui défend un projet libéral, liberticide, et qui utilise le discours des forces de progrès pour le dévoyer.
Concernant la manifestation elle-même, la CGT 44 tient à protester contre des intimidations policières inacceptables en début de manifestation : les journalistes présents ont été témoin de dérives qui consistent à vouloir interdire la liberté de manifester en saisissant du matériel de communication. Seule l’intervention déterminée des manifestant a fait reculer cette entreprise qui s’apparente à un abus de pouvoir liberticide. En outre ce type d’intervention ne favorise pas la quiétude de la manifestation.
De la même manière, la CGT 44 condamne avec la plus grande fermeté la casse organisée par des petits groupes venus à cette manifestation uniquement pour en découdre avec les forces de l’ordre. Cette volonté d’affrontement ne servira que Marine Le Pen qui n’hésitera pas à dénaturer le fond de notre action citoyenne et politique.
Notre manifestation qui se voulait pacifique a encore une fois été perturbée par des individus extérieurs à notre organisation. Nous le regrettons et le condamnons. Mais devrons-nous, pour autant, face à ce risque qui devient régulier, cesser toute manifestation à Nantes ? Devrons-nous nous résigner à ne plus utiliser ce droit constitutionnel, cet acte démocratique ? Pour la CGT 44, c’est un non très clair. Nous ne sacrifierons pas les moyens d’action et les revendications de milliers de salariés sur la pression de quelques individus.
Par ailleurs, nous nous interrogeons sur le dispositif policier. Comment peut-on imaginer que les quelques 600 policiers présents, armés et formés, ne parviennent pas à encadrer 800 casseurs ? Pour rappel, le parcours et le déroulé de la manifestation était connu de tous (publié dans la presse la semaine précédente).
Enfin, il s’avère que le groupe identitaire GUD a pu assurer une présence provocatrice en fin de cortège, à l’abri des forces de l’ordre, ce que nous dénonçons vivement. Déjà le 3 février, des groupes identitaires armés ont effectué des exactions en centre-ville suite à la conférence de Jean Yves le Gallou (l’immigration la catastrophe, en lien avec Breizh info) sans être inquiétés par les forces de l’ordre ni la justice. Il est temps pour tous les démocrates de dénoncer cette impunité, dans l’intérêt de la démocratie.
Nous le réaffirmons, la violence, d’où qu’elle vienne, est condamnée par la CGT. Mais nous réaffirmons aussi que l’opposition visible et argumentée au FN est une nécessité : les critiques qui pensent que cela fait de la publicité au FN ne sont pas sérieuses.
Le relais médiatique objectif, qui évite le sensationnel et privilégie l’argumentaire à l’image sans contexte, est seul garant pour éviter les raccourcis et les réactions épidermiques, qui servent les populismes et ceux qui veulent opposer les gens.
Intervention CGT à la Manif anti FN – Nantes, le 25 février 2017.
Le programme économique et social du FN ne ressemble en rien aux propositions de progrès social que nous défendons. Prenons, par exemple, la question des rémunérations. Le FN souhaite baisser les cotisations sociales des salariés d’environ 200 euros « pour leur redonner du pouvoir d’achat », mais rien ne dit que les patrons ne récupéreront pas cette manne. Le FN baisse donc les cotisations sans garantie d’augmentation du salaire, tandis que nous revendiquons la revalorisation substantielle des grilles salariales et du Smic pour vivre dignement.
Le FN considère le travail comme un coût et il l’écrit clairement dans son programme, alors que notre syndicalisme considère que le travail est le seul vecteur de création de richesses dans l’entreprise.
Le FN préconise en réalité la poursuite des politiques libérales déjà à l’œuvre. Il promeut en matière salariale une politique populiste de partage de la misère, en prenant aux mieux payés pour donner plus aux moins payés dans la fonction publique, Dans la privé il maintient des salaires bas en refusant la revalorisation du SMIC et en laissant les entreprises gérer librement leurs affaires.
A ce sujet, marine le Pen, députée européen, a voté la directive sur le secret des affaires avec tous les libéraux européens : elle est donc pour l’opacité permettant au patronat de s’affranchir des règles sociales et écologiques. Ce secret des affaires empêche aussi la presse d’investigation de démasquer les scandales financiers qui détruisent les emplois et aspirent, jusque dans les paradis fiscaux, la richesse créée par le travail des salariés.
Sans ambiguïté, les valeurs de notre syndicalisme de conquêtes sociale et celles de l’extrême droite sont absolument incompatibles, dans l’entreprise comme dans la cité. Nous défendons les intérêts des salariés, le FN défend ceux des possédants et du grand patronat, même s’il tente d’apparaître comme une solution pour ceux qui sont en difficulté.
Le FN conditionne les droits des salariés en fonction de leur nationalité, Nous défendons des valeurs universalistes : les salariés ont tous les mêmes droits, quelle que soit leur nationalité.
Le FN prône aussi l’élitisme à l’école à l’opposé de l’école pour tous, garante de l’égalité républicaine.
Notre syndicalisme de combat agit « contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie, et toutes les exclusions ». Le FN, lui, fonde son programme sur le principe de la priorité nationale. Il divise ainsi les salariés en deux catégories.
En opposant travailleurs français et immigrés, il cherche à les détourner de la question essentielle qui est celle de la répartition inégale des richesses. Il permet une concurrence qui tire les salaires et conditions de travail par le bas.
Il sert ainsi les intérêts du Medef. Oui le FN est dans le camp des exploiteurs !
Sur tous les sujets, le FN s’inspire et répond aux revendications patronales (impôts, cotisations sociales, retraites…).
En matière de conditions des femmes la posture de Marine le Pen, qui se présente comme une maman attentive pour attirer l’électorat féminin, ne doit pas faire illusion :
Le FN veut favoriser le recours au congé parental prolongé, disposition visant en réalité à maintenir au foyer une fraction importante du salariat féminin et qui participe d’une vision pétainiste de la famille et de la société.
Le maquillage social du FN est une imposture dont la seule vocation est électoraliste !
Le FN se fait le champion des travailleurs et travailleuses oublié-e-s par les politiques depuis 30 ans. Mais quels nouveaux droits le FN propose-t-il aux salariés ? Aucun ! Il est d’ailleurs contre l’idée même de progrès social, et il combat ceux qui s’engagent auprès des salariés.
Le FN est l’héritier direct des groupes de choc de l’extrême droite qui s’en prenaient physiquement aux grévistes et aux militants ouvriers.
Sa haine du syndicalisme est au diapason du syndicalisme corporatif défendu de tout temps par l’extrême droite et qui puise ses références dans la Charte du travail de Pétain. Les formations politiques dont est issu le FN ont toujours défendu les guerres coloniales et le néo colonialisme.
Alors oui, notre place est là ici avec ceux qui entendent alerter contre la possibilité de la venue du FN au pouvoir.
Possibilité rendue possible par les renoncements de la classe politique au pouvoir depuis des décennies : A faire croire qu’en travaillant plus on peut régler les problèmes des salaires, du pouvoir d’achat, du chômage ; A tromper les salariés sur les intentions de lutter contre la finance qui vampirise l’économie et met à terre et précarise des millions de salariés. A jeter l’opprobre sur une Europe qui n’est que le résultat des choix d’austérité de ces mêmes gouvernements.
A tromper, donc, la confiance des travailleurs, le FN est aux portes du pouvoir avec la complaisance des médias aux mains d’une oligarchie de grands patrons. Le FN remet en cause le vivre ensemble qui fonde notre République citoyenne. En nourrissant la haine de l’autre et la division de la société, Marine Le Pen poursuit bel et bien une même logique, au fondement de toutes les extrêmes droites.
Nous refusons que l’extrême droite et ses valeurs régissent nos vies !
Nous refusons d’avoir à choisir entre le FN et les idées populistes que le FN a réussi à distiller et que représente désormais d’autres candidats à droite et au centre.
Nous entendons imposer au centre du débat politique la condition des salariés, mais aussi la question du travail (sa finalité, ses conditions, sa rémunération). La question sociale est centrale et ne peut supporter des raccourcis populistes et des valeurs d’exclusion et de rejet.
Martelons ce qui est une vérité : l’argent est là !
En quantité plus que suffisante pour permettre à chacun de vivre dignement, sans concurrence ni préférence quelconque.
La question de la répartition des richesses est la seule qui puisse répondre aux enjeux d’une sortie d’un système inégalitaire qui menace la démocratie.
Marine Le Pen se revendique « antisystème » ; Le FN est une composante du système, il sert les intérêts des puissances de l’argent : et là pas de préférence nationale : le FN va chercher l’argent loin très loin s’il le faut, jusqu’en Russie. Il sert ces puissances, il est à leurs ordres. Il ne mordra pas la main qui le nourrit
Alors comment alerter ?
Lutter, Crier contre le FN, nous le faisons depuis longtemps.
Montrons plutôt ses contradictions, montrons son imposture, montrons son inutilité
Le FN n’est pas une solution, il entend faire bégayer l’histoire
Nous entendons libérer les salariés des tentations autoritaires, du chacun chez soi, du chacun pour soi.
Nous porterons toujours plus haut l’idée d’un co-développement au sein de l’Europe et avec les pays du sud comme une solution politique et sociale.
Nous rétablirons les vérités statistiques et historiques pour redonner confiance aux salariés citoyens dans leur pouvoir d’agir contre les puissants.
Soyons toujours plus nombreux à nous engager contre l’extrême droite et ses idées.