La gifle d’une prof… Et tout ce qu’il y a derrière.

Touchard Washington – Le Mans

Un incident révélateur

Mardi 18 décembre, un incident a eu lieu dans une classe du lycée pro, connue pour être très difficile. De nombreux élèves avaient déjà eu des exclusions temporaires de l’établissement et tous les cours avec cette classe avaient été dédoublés.

Un élève très agité refuse de faire un devoir. La tension est forte. L’élève se lève et s’avance vers notre collègue en lui disant « je le ferai pas ton devoir » pendant qu’un autre élève s’avance aussi vers elle sans y être autorisé. Une vraie pression physique. Acculée, en réaction notre collègue met une claque à l’un des deux en lui disant de ne pas la tutoyer.

Cette scène a été filmée par un élève. En fait il s’agissait d’un traquenard prémédité pour filmer une prof que quelques élèves comptaient faire craquer.

Ces images ont été diffusées sur les réseaux sociaux et en quelques jours tous les élèves avaient vu les images. Bien des profs ont appris cet incident par leurs propres élèves.

Quant à notre collègue, elle a immédiatement été voir le proviseur adjoint en disant avoir fait une connerie. Dans une entrevue avec la famille notre collègue s’est excusée, pas l’élève. Mais lorsque la vidéo a été diffusée, la famille a décidé de porter plainte.

Depuis ce jour là notre collègue est en arrêt de travail.

Un incident qui révèle une fois de plus nos conditions de travail intenables, de tension, de fatigue, de peur et de risques… Nous étions choqués par cette histoire qui était tellement prévisible. Et le sentiment de tous les collègues ayant des classes difficiles était « ça aurait pu être moi ».

Aussi avant les vacances, nous (représentants CGT) avons vu le Proviseur Adjoint pour lui demander, a minima, que :

– L’établissement porte plainte contre l’élève qui a filmé en classe et diffusé la scène.

– Les élèves incriminés ne reviennent plus en classe dès lundi 7 janvier.

– Les enseignants de la classe qui le souhaitent puissent continuer à faire cours en demi-classe dès lundi 7 janvier.

Nous avons eu l’oreille attentive du proviseur adjoint, mais cela dépendait au bout du compte du proviseur.

Un proviseur méprisant

Or le lundi 7 janvier, jour de la rentrée, rien n’avait été fait : les élèves incriminés dans l’incident étaient là, les heures en classe entière avaient été rétablies et le proviseur n’avait pas daigné aller porter plainte contre l’élève vidéaste.

Ce même jour, quatre enseignants ayant la classe ont décidé d’exercer leur droit de retrait car la présence de ces deux élèves qui avaient déjà mis notre collègue en arrêt, constituait selon eux, un danger grave et imminent pour tous les profs.

À midi, une heure d’info syndicale regroupait 85 personnes (du jamais vu). L’indignation était à son comble parmi les enseignants. Il fut assez vite décidé d’aller voir le proviseur le plus nombreux possible pour lui demander des comptes.

Celui-ci a fini par venir après s’être fait désirer. Odieux, il a débordé de mépris, expliquant que lui il savait comment défendre les profs, mais qu’il n’avait pas de comptes à nous rendre ; répondant « ça suffit vous avez dit assez d’âneries, maintenant vous allez entendre les miennes » ou encore « vous ne comprenez rien, c’est pour ça que vous êtes profs et que moi je suis proviseur »… Sur les dédoublements de classe, il répondit « on peut dédoubler autant que vous voudrez mais ce ne sera pas payé ». Bref il faisait mine de reculer sur rien pour ne pas perdre la face et l’assemblée était outrée et médusée en découvrant l’énergumène.

Mais dans les faits, dès le lendemain matin l’élève ayant reçu la gifle était réorienté. Quant à l’élève vidéaste qui devait passer en conseil de discipline le vendredi, on nous faisait savoir qu’il pouvait être écarté de cours par « mesure d’ordre ». Enfin, les dédoublements étaient acceptés et payés… à 100%.

Enfin le vendredi soir l’élève vidéaste était exclu sur décision du conseil de discipline.

Pyromane ?

Tout semble alors en voie de rentrer dans l’ordre… Sauf que le proviseur faisait savoir jeudi qu’il procédait à une demande de retrait de salaire des profs ayant exercé leur droit de retrait pour « service non fait ». Une provocation bien sûr puisque cela ne relève pas de sa compétence de trancher sur le bien fondé ou non de du droit de retrait. Nous en sommes là au moment où ces lignes sont écrites, mais il se pourrait bien que cette minable tentative d’intimidation mette le feu aux poudres au lycée Washington.

CGT Educ’Action 72

 

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