La Commission européenne laboure le principe de précaution

Alors que le glyphosate – substance active du Roundup – fait l’objet de questionnements de plus en plus prégnants quant à ses effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine, la Commission européenne a donné son autorisation en juin 2016 pour une nouvelle prolongation jusqu’à fin 2017, et propose depuis mai dernier une réautorisation de mise sur le marché pour dix ans. La Fédération nationale agroalimentaire et forestière (Fnaf) CGT revient sur cette affaire fleurant bon le lobbying, comme l’ont récemment montré les « Monsanto papers ».

Pesticide le plus utilisé en Europe et dans le monde depuis les années 1970, le glyphosate (substance active du Round’up) fait aujourd’hui l’objet d’une importante bataille stratégique.

Outre son impact sur l’environnement (qualité des sols, de l’eau…), le glyphosate présenterait également des risques pour la santé humaine. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère ainsi que le glyphosate est génotoxique (il endommage l’ADN), cancérogène pour les animaux de laboratoire (rongeurs en général) et est « probablement cancérogène » pour l’homme.

Étant de donné le potentiel de diffusion très large de ce pesticide dans l’environnement, le principe de précaution (qui, rappelons-le, vise à « permettre aux décideurs de prendre des mesures de protection lorsque les preuves scientifiques relatives à l’environnement ou la santé humaine sont incertaines et que les enjeux sont importants ») voudrait que son autorisation de mise sur le marché soit suspendue… Et pourtant ! L’autorisation expirant en juin 2016, la Commission européenne l’a prolongée de dix-huit mois, jusqu’à fin 2017. Pire encore, elle propose depuis mai dernier une réautorisation de mise sur le marché du glyphosate de dix ans (pour l’instant sans validation définitive).

Dans son communiqué, la Fnaf CGT indique que les deux agences d’expertise européennes se sont fondée sur « des études non publiées et dont les experts présentent des conflits d’intérêts notoires ». Par ailleurs, la récente affaire des « Monsanto papers » a mis en lumières la gigantesque stratégie de lobbying opérée par la firme, notamment au niveau de la commission européenne.

La Fnaf conclut son communiqué en rappelant que « les salariés de la production agricole sont parmi les plus exposés aux produits phytopharmaceutiques, et notamment le glyphosate. La fédération intervient dans toutes les instances où elle siège pour faire prévaloir le principe de précaution, l’augmentation du délai de réentrée et l’application du droit de retrait pour les salariés conformément au Code du travail afin de préserver la santé des travailleurs.

« La responsabilité du gouvernement es engagée pour garantir la santé publique, celle des travailleurs de la terre et la sauvegarde de l’environnement face à a poursuite de l’utilisation de ces produits phytopharmaceutiques. »

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